Mort et humusé
L'homme
pollue. L'homme pollue beaucoup. Ce n'est pas un scoop. Mais on sait
moins que même après la mort, on continue à polluer. De manière
assez évidente, la crémation pollue car elle nécessite de brûler
en plus du corps l'équivalent d'une trentaine de litres de pétrole,
tout cela à une température de 850° C. Ce processus de la
crémation envoie dans l'atmosphère de la dioxine, du CO2, ainsi que
toutes les prothèses ou plombage dentaire qui étaient intégrés au
corps du défunt. Mais l'enterrement n'est pas neutre écologiquement
parlant non plus. Il faut déjà construire les cercueils la plupart
du temps en bois. On estime qu'il faut en moyenne 1m³ de
bois pour fabriquer 6 cercueils. Dans un pays comme la France où
plus ou moins 600 000 personnes sont enterrées chaque années, cela
fait 100 000 stères de bois qui sont nécessaires à la fabrication
de tous ces cercueils. Soit une forêt toute entière à raser pour
nos morts : la mort qui s'ajoute à la mort. Par ailleurs, les
pratiques de thanatopraxie pour embaumer nos morts rendent la
décomposition de ces mêmes corps particulièrement difficiles et
ces produits chimiques finissent par se répandre dans la Nature.
Sans compter la production des pierres tombales et l'entretien des
cimetières coûteux en pesticides et en énergie.
La
mort n'est plus quelque chose de naturel. Et c'est bien dommage que
l'humanité soit si en rupture avec le cycle de la vie et de la mort.
L'être humain s'est vécu lui-même comme un long et processus
d'arrachement à la culture en créant la culture, la civilisation,
l'architecture et les constructions de plus en plus imposantes qui
empiètent sur la Nature. La conséquence en est une humanité qui
détruit les écosystèmes à grande vitesse et contribue
dangereusement au réchauffement climatique. Et si la mort était
l'occasion d'un retour à la Nature, la possibilité de contribuer à
nouveau à la vie. C'est le pari que font les partisans de
l'humusation.
L'idée
de l'humusation se base sur le compost. Le compost est l'endroit du
jardin où la matière organique redevient par un long processus de
transformation naturelle du terreau fertile sur lequel les plantes et
les végétaux vont pouvoir croître et se développer. Tout comme on
peut peut composter vos trognons de pommes, vos pelures de légumes
et les feuilles de l'arbre dans votre jardin. On peut aussi composter
un être humain en prenant certaines précautions pour rendre le
processus sain et inodore.
On
commence par répandre du broyat
de bois d'élagage imprégné d'eau qui fera une sorte de matelas
d'une cinquantaine de centimètres. On place là le corps du défunt ;
et on recouvre le tout de deux mètres cubes environ du même broyat.
On peut aussi ajouter les fleurs qui ont servis pour la cérémonie.
On peut bien sûr ajouté une stèle ou un petit monument qui
indiquera qui est la personne qui a été « humusée »
là.
L'idée
est que tout ce susbtrat va se transformer en humus au bout de
quelques mois.
Une fois ce processus naturel accompli,
le tas est défait l'employé du cimetière qui devra être formé à
la technique spéciale de compostage de l'humusation. L'humus peut
alors être retiré et valorisé. S'il subsiste des os, ils sont
moulus et rendus à l'humus. S'il subsiste l'une ou l'autre prothèse
artificielle, on peut aisément la retirer. Après douze mois, le
tout se résume à un gros mètre cube de compost qui va pouvoir
servir à cultiver toutes sortes de choses : des fleurs, des
arbres, des légumes, ce qu'on veut....
Sur
internet, je suis tombé sur une personne pour le moins réticente
qui objectait : « Je
ne mangerais jamais les tomates qui poussent sur un mort. C'est
dégoûtant ».
Le truc, c'est que ce terreau n'est plus un mort. C'est le miracle de
la Nature. « Rien
ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »
(comme le disait Lavoisier). Et c'est cela qui est beau. La mort a
engendrée la vie et les conditions de la vie. Rappelons que, dans le
terreau qui a servi à la culture des tomates, que ce monsieur a
mangé à midi, il y a probablement eu des animaux qui sont morts et
dont les éléments du cadavre ont servis en se transformant à la
création du terreau. Dans la Nature, la mort n'est pas cette chose
funeste, ces chairs en putréfaction, ces odeurs nauséabondes, cette
pestilence, cette infection. C'est justement la volonté d'arracher
les corps humains au règne de la Nature qui a fait que la mort ait
revêtu ces habits de putréfaction et d'horreur dans notre culture.
Je
trouve fascinant cette idée que la mort de mon corps soit l'occasion
d'un détachement complet et d'un abandon aux forces créatrices de
la Vie. Dans la Nature, tout est recyclée. Et c'est cela que je
trouve beau dans l'idée de l'humusation. Je trouve que cela vaut la
peine d'envisager cette nouvelle forme de relation à la mort dans
notre société. C'est en tous cas l'humusation que je veux pour ma
mort. Et je pense qu'il faut faire pression sur les autorités
publiques pour autoriser et légaliser les techniques d'humusation
pour nos défunts.
Un tertre d'humusation |
Les avantages de l’humusation
L’humusation,
contrairement
à l’enterrement
ne nécessite:
- pas de cercueil, un simple linceul suffit.
- pas de frais de concession dans un cimetière pendant 5, 10, ou 25 ans. Après un mort, l'espace peut être réaffecté pour d'autres morts.
- pas de frais de pierre tombale, ni de caveau.
- pas de frais d’embaumement, ni l’ajout de produits chimiques nocifs. Tout est naturel.
- pas de charge d’entretien régulier de la tombe pour les proches. La Nature s'occupe de tout !
- pas de pollution des nappes phréatiques par la cadavérine, la putrescine, les résidus de médicaments, les pesticides, les perturbateurs endocriniens,….
L’humusation,
contrairement
à l’incinération
ne génère :
- pas de rejets toxiques dans l’atmosphère, ni dans les égouts
- pas de consommation excessive d’énergie fossile
- pas de location de colombarium
- pas de détérioration des couches fertiles du sol lors la dispersion des cendres
Au contraire,
l’humusation
crée un humus riche, utilisable pour améliorer les terres.
Photographie : Un jour, une photo |
Vidéos
sur l'humusation
L'humusation,
pratique funéraire 100% respectueuse de l'environnement.
Journal
de la RTBF (samedi 31 octobre 2015)
La
permaculture au service de la transformation du corps du défunt
(Canal
C du 30 octobre 2015)
L'humusation
(Canal C, 1er novembre 2016)
Sites
Métamorphoses
Humusation.org
Pétition
en faveur de la légalisation de l'humusation
Un retour à la terre! Il est vrai !dans certaines cultures un seul linceul,enveloppe le .corps, avant de le rendre à cette terre!..il faudra beaucoup de temps..avant une généralisation...je me trompe peut-être ! Que faire! Des corps de personnes malades polymedicamentées..,,des corps des personnes aussi qui suivent un traitement depuis des années..les molécules médicamenteuses..vont se dissoudrent dans le compost...réfléchir à cela!...Merçi, pour cette belle réflexion...!Oui.. !'idée que l'ont se fait des choses !
RépondreSupprimerOui, bien sûr. Les produits chimiques issus des médicaments ou plus simplement de la pollution retourneront à la terre comme tout le reste. Mais si on incinère et qu'on enterre, la problématique reste la même !
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