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dimanche 22 février 2015

Batailler dans les hautes herbes



avec les enfants à nouveau nous bataillons avec les herbes sauvages
nous bataillons, rebataillons, les heures passent
au soleil du crépuscule, seul après que tout le monde soit rentré
ronde, brillante, monte la lune dans l’automne limpide

Ryokan




Robert Doisneau, La poterne des peupliers, 1930


            J’aime ce poème de Ryokan car, avec une franchise désarmante de spontanéité et de simplicité,  il emprunte les chemins de traverse par rapport à l’image, voire le cliché que l’on se fait d’un sage ou d’un maître spirituel. On imagine le sage ou le maître sévère et austère. Et quand il s’adonne pas à la contemplation, on l’imagine affairé à de très sérieuses occupations comme diriger son monastère, lire d’antiques grimoires, discourir de choses savantes avec ses disciples, discuter de choses graves avec les puissants de ce monde.


            Ryokan, lui, joue avec les enfants dans les hautes herbes sur la colline et il ne se lasse pas de jouer avec eux. Ryokan avait pourtant occupé la lourde tâche d’abbé dans le monastère zen d’Entsûji. Il avait pourtant renoncé à ce poste prestigieux et aux honneurs qui vont avec pour vivre en toute simplicité. Sans souci d’incarner un quelconque rôle dans la société. Il joue avec les enfants ; puis la nuit tombante, les enfants rentrent ; et lui reste seul, retrouvant sa vie de contemplatif dans un dialogue silencieux avec la lune.   








Ryôkan, Moine errant et poète, Hervé Collet et Cheng Wing Fun, Albin Michel/Spiritualités vivantes, Paris, 2012, p. 127.


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