Kaccâyanagotta
Sutta
Soutra
de Kaccâyanagotta
Ainsi ai-je entendu. Une fois, le
Bienheureux séjournait dans le parc d’Anâthapindika, au bois de Jeta, près de
la ville de Sâvatthi.
En ce temps-là, un jour, le
Vénérable Kaccâyanagotta rendit visite au Bienheureux. S’étant approché du
Bienheureux, il s’assit à l’écart sur un côté. S’étant assis à l’écart sur un
côté, le vénérable Kaccâyanagotta dit au Bienheureux : « On répète "la
vue juste, la vue juste". Bienheureux, dans quelle mesure "la vue juste"
peut-elle être appelée ainsi ?
Le
Bienheureux répondit : « Ô Kaccâyana, les gens s’intéressent le plus
souvent à ces deux opinions extrêmes : l’existence et la non-existence.
Cependant, ô Kaccâyana, chez celui qui voit selon la sagesse réaliste, l’apparition
du monde ne se produit pas par l’opinion que « ce monde n’existe pas ».
En outre, ô Kaccâyana,
chez celui qui voit selon la sagesse réaliste, la cessation du monde ne se
produit pas par l’opinion que « ce monde existe ».
Les gens, ô Kaccâyana, se réfugient les plus souvent dans des idées d’appropriation et ils sont habitués à s’attacher aux objets sensoriels. Cependant, l’Être Noble[1] ne se réfugie pas dans des idées d’appropriation, ni ne s’attache aux objets sensoriels en disant : "Ceci est mon Soi", mais il réfléchit :
"S’il y a quelque
chose qui arrive à exister, ce n’est autre chose que le phénomène appelé souffrance. S’il y a quelque chose qui
cesse d’exister, ce n’est autre chose que le phénomène appelé souffrance".
L’Être Noble qui réfléchit ainsi n’est plus
dans le doute, ni dans la perplexité. Car il le comprend lui-même sans se
relier à la parole de quelqu’un d’autre.
A ce point, ô Kaccâyana,
cette compréhension vécue constitue la "vue juste". »
« Ô Kaccâyana, l’idée
que "tout existe" est un extrême et l’idée que "rien n’existe"
est un autre extrême.
En évitant ainsi ces
deux extrêmes, l’Ainsi-Allé[2]
enseigne la doctrine de la Voie du Milieu que voici : "Conditionnée
par l’ignorance, se produit la formation mentale. Conditionnée par la formation
mentale se produit la conscience. Conditionnés par la conscience, se produisent
les noms et forme. Conditionnées par les nom et forme, se produisent les six
sphères sensorielles. Conditionné par les six sphères sensorielles se produit
le contact. Conditionnée par le contact, se produit la sensation. Conditionnée
par la sensation se produit la soif. Conditionnée par la soif se produit l’appropriation.
Conditionné par l’appropriation se produit le devenir. Conditionnée par le
devenir, se produit la naissance. Conditionnés par la naissance, se produit la décrépitude,
la mort, les lamentations, les peines, le chagrin, les afflictions et les
malaises". Tel est le jaillissement de toute cette masse de souffrances.
« Cependant,
par la cessation complète et par l’arrêt complet de cette même ignorance, cesse
la formation mentale. Par la cessation de la formation mentale, cesse la
conscience. Par la cessation de la conscience, cesse les nom et forme. Par la
cessation des nom et forme, cessent les six sphères sensorielles. Par la
cessation des six sphères sensorielles, cesse le contact. Par la cessation du
contact, cesse la sensation. Par la cessation de la sensation, cesse la soif.
Par la cessation de la soif, cesse l’appropriation. Par la cessation de l’appropriation,
cesse le devenir. Par la cessation du devenir, cesse la naissance. Par la
cessation de la naissance, cessent la décrépitude, la mort, les lamentations,
les peines, le chagrin, l’affliction et le malaise. Telle est la cessation de
toute cette masse de souffrances. »
Ainsi parla le Bienheureux. Le
Vénérable Kaccâyanagotta, heureux, se réjouit des paroles du Bienheureux.
(Samyutta
Nikâya, II, 16-17)
D’après
la traduction de Môhan Wijayaratna, « Les
entretiens du Bouddha », éd. Le Seuil/Points Sagesse, Paris, 2001.
Kaccâyanagotta, encore appelé Mahâkaccâyana, souvent abrévié en Mahâkaccâna, est un des grands disciples du Bouddha, connu pour sa profondeur d'analyse des déclarations brèves du Bouddha. Voir à son sujet l'article de Bhikkhu bodhi dans : Nyanaponika thera & Helmuth Hecker, "Les grands disciples du Bouddha", éd. Claire Lumière, Saint-Cannat (France), 1997.
[1]
L’Être Noble dans le bouddhisme est
l’individu qui a développé ses qualités morales et spirituelles au point d’atteindre
un des quatre fruits du Chemin ou est sur le point d’atteindre un de ces quatre
fruits. Les quatre fruits sont l’entrée dans le courant, le retour unique,
le non-retour et l’état d’Arahant qui s’éteint dans le Nirvâna.
[2] Tathâgata, une façon d’appeler le
Bouddha.
Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.
Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.
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Les soutras du Bouddha:
- Soutra de Jivâka sur la consommation de la viande (Jivâka Sutta)
- Soutra des Bénédictions (Mangala Sutta)
- Soutra de Jîvaka sur les disciples laïcs (Jîvaka Sutta)
- Soutra de Samiddhi (soutra traduit du canon chinois)
- Soutra de Bâhiya (Bâhiya Sutta)
- Soutra de Jîvaka sur les disciples laïcs (Jîvaka Sutta)
- Soutra de Samiddhi (soutra traduit du canon chinois)
- Soutra de Bâhiya (Bâhiya Sutta)
Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.
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