La
montagne verte est le père des nuages blancs
Et
les nuages blancs sont fils de la montagne verte.
Les
nuages blancs tout le jour s'appuient
À
la montagne verte qui, toujours, les ignore.
Dongshan
Liangjie (807-869)
Dongshan
Liangjie était un grand maître Chan (ce courant du bouddhisme qui
est plus connu sous son nom de Zen en japonais). Il est un des deux
fondateurs de l'école Caodong (plus connue en Occident sous le nom
japonais de Sôtô, école dont maître Dôgen a repris l'héritage
au Japon en lui donnant une couleur locale).
Dongshan
Liangjie nous parle d'une montagne verte et des nuages blancs qui
l'entoure, comme c'est souvent le cas dans les montagnes chinoises
que les maîtres Chan affectaient tant. C'est là une allégorie de
la nature de l'esprit – la montagne – et des pensées qui
traversent l'esprit – les nuages. Les pensées existent en raison
de la nature de l'esprit : sans la nature de l'esprit, il ne
saurait y avoir de pensées. Un rocher dépourvu d'esprit ne saurait
se mettre à rêver et à faire des projets pour l'avenir. Pourtant,
la nature de l'esprit est indifférente aux pensées qu'elle produit.
C'est notre « moi » qui s'attache à ces pensées et leur
prête de l'importance. La méditation Chan consiste à revenir à la
montagne verte – demeurer dans la nature de l'esprit et laisser
apparaître et disparaître au gré des caprices de la météo. Cette
montagne est à la fois un roc inébranlable et une source de vie. De
grands oiseaux planent silencieusement autour d'elle.
Hornstrandir sur la péninsule la plus septentrionale de l'Islande - Jeffrey Carlson |
Ce
poème est tiré de l'anthologie « Poèmes Chan »,
publiée aux éditions Picquier et traduite par Jacques Pimpaneau,
Arles, 2005 (2016 pour l'édition de poche).
Voir aussi de Dongshan Liangjie (Tôzan Ryokai en japonais)
Concernant Dôgen Zenji, voir :
Commentaires au Genjōkōan :
Voir également les poèmes de Ryôkan :
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