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mardi 17 juin 2025

Soûtra du Non-Instruit

 


Soûtra du Non-Instruit

Assutavā Sutta



Ainsi ai-je entendu. Une fois, le Bienheureux séjournait dans le parc d'Anāthapindika situé au bois de Jeta, près de la ville de Sāvatthi.


En ce temps-là, un jour, le Bienheureux s'adressa aux moines et dit : « Ô moines, même, un individu non-instruit pourrait avoir du dégoût envers son corps matériel, composé des quatre éléments principaux. Pourquoi ? Parce qu'il peut voir le changement, la détérioration et la destruction arrivant à ce corps matériel composé des quatre éléments principaux. Ainsi, il pourrait avoir du dégoût à propos de son corps, il pourrait arrêter son attachement au corps, il pourrait se libérer de son corps.


Cependant, ô moines, un individu non-instruit est incapable d'avoir du dégoût à propos de ce qui est appelée « pensée », « mental » ou « conscience ». Pourquoi ? Parce que, depuis longtemps, l'individu non-instruit a pris l'habitude de chérir, d'admirer cette idée et de s'y attacher : « Ceci est à moi, je suis ceci, ceci est mon Soi ».


Pourtant, ô moines, il vaut mieux que cet individu non-instruit concède comme son soi ce corps matériel, composé des quatre éléments principaux au lieu de considérer ce qu'on appelle « pensée », « mental » ou « conscience » comme son Soi. Pourquoi ? Parce que ce corps matériel, composé des quatre éléments principaux persiste un an, deux ans, trois ans, quatre ans, vingt ans, trente ans, quarante ans, cinquante ans, et même il persiste cent ans ou encore plus. Cependant, ce qu'on appelle « pensée », « mental » ou « conscience » change sans cesse, jour et nuit, se produit comme une chose et se disperse comme une autre chose.


Tout comme, ô moines, un singe dans une forêt ou un bois, en se jetant d'arbre en arbre, saisit une branche, puis la laisse et en saisit une autre, de même ce qu'on appelle « pensée », « mental » ou « conscience » change sans cesse, jour et nuit, se produit comme une chose et se disperse comme une autre chose.


À ce propos, ô moines, le noble disciple bien instruit considère soigneusement et uniquement la production interdépendante en se rappelant :

« Ceci est parce que cela est.

Ceci apparaît parce que cela apparaît.

Ceci n'est pas parce que cela n'est pas.

Ceci disparaît parce que cela disparaît. »


C'est-à-dire :

Par l'ignorance est conditionnée la formation mentale.

Par la formation mentale est conditionnée la conscience.

Par la conscience sont conditionnées le nom et la forme.

Par le nom et la forme sont conditionnées les six sphères sensorielles.

Par les six sphères sensorielles est conditionné le contact.

Par le contact est conditionnée la sensation.

Par la sensation est conditionnée la soif.

Par la soif est conditionnée la saisie.

Par la saisie est conditionnée le devenir.

Par le devenir est conditionnée la naissance.

Par la naissance sont conditionnée la vieillesse, la mort, les lamentations, les peines, le chagrin, l'affliction, et les malaises.

Telle est l'apparition de toute cette masse de souffrances.


En revanche, par l'arrêt total et la cessation sans résidu de la même ignorance, cesse la formation mentale.

Par la cessation de la formation mentale, cesse la conscience.

Par la cessation de la conscience, cessent le nom et la forme.

Par la cessation du nom et de la forme, cessent les six sphères sensorielles.

Par la cessation des six sphères sensorielles, cesse le contact.

Par la cessation du contact, cesse la sensation.

Par la cessation de la sensation, cesse la soif.

Par la cessation de la soif, cesse la saisie.

Par la cessation de la saisie, cesse le devenir.

Par la cessation du devenir, cesse la naissance.

Et par la cessation de la naissance, cessent la vieillesse, la mort, les lamentations, les peines, le chagrin, l'affliction, et les malaises.

Telle est la cessation de toute cette masse de souffrances.


Ô moines, lorsque le noble disciple voit ainsi, il n'éprouve aucun plaisir particulier dans la forme, ni dans la sensation, ni dans la perception, ni dans la formation mentale, ni dans la conscience. Puisqu'il n'y a pas de plaisir, il ne s'y attache plus. Puisqu'il ne s'y attache plus, il s'en libère. Quand il est libre, vient la connaissance : « Ceci est la libération », et il sait désormais que la naissance est détruite, la conduite pure est vécue, ce qui devait être achevé est achevé. Plus rien ne demeure à accomplir. »


Ainsi parla le Bienheureux. Les moines, heureux, se réjouirent des paroles du Bienheureux.



Samyutta Nikāya (II, 94-95)









Ohara Koson (1877 - 1945), Singe pendu à une branche de bambou.







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