Soûtra
du laïc CittaCitta
Sutta
En ce temps-là, Nighanta Nāthaputta1 arriva à Macchikāsanda avec un groupe important de Nighantas. En ce temps-là, le chef de famille Citta entendit dire que Nighanta Nāthaputta était arrivé à Macchikāsanda, accompagné d'un groupe important de Nighantas. Le chef de famille Citta s'étant approché de Nighanta Nāthaputta avec un nombre importants d'amis, échangea avec lui des compliments de politesse et des paroles de courtoisie, puis s'assit à l'écart sur un côté.
Alors que le chef de famille Citta était assis, Nighanta Nāthaputta s'adressa à lui et dit : « Ô chef de famille, est-ce que vous croyez, sur la foi de la parole du religieux Gotama2 qu'il y ait un état de jhāna, d'absorption méditative dans lequel il n'existe pas de raisonnement, ni de réflexion et également qu'il y ait une cessation de la pensée discursive et réfléchie ?
- Non, ô Révérend. Moi, je n'accepte pas, par une croyance fondée sur la parole du Bienheureux qu'il y ait un état de jhāna, d'absorption méditative dans lequel il n'existe pas de raisonnement, ni de réflexion et également qu'il y ait une cessation de la pensée discursive et réfléchie ».
Cela étant dit, Nighanta Nāthaputta, se tournant vers son groupe, dit : « Regardez, mes amis ! Quel homme honnête que ce chef de famille Citta ! Quel homme franc que ce chef de famille Citta ! Quel homme sincère que ce chef de famille Citta ! Évidemment, il a raison, car l'individu qui pense possible la cessation de la pensée discursive et réfléchie doit être quelqu'un qui pense attraper la psyché à l'aide d'un filet, ou bien quelqu'un qui pense pouvoir arrêter le fleuve Gange à l'aide du poing ».
Le chef de famille demanda alors : « Qu'en pensez-vous, ô Révérend : quel est le mieux, la connaissance ou la foi ? »
- Sûrement, ô chef de famille, la connaissance est meilleure que la foi.
- Ô révérend, s'étant séparé des désirs sensuels, s'étant séparé des mauvaises pensées, j'entre et je demeure, lorsque je le veux, dans le premier jhāna pourvu du raisonnement et de la réflexion, qui est joie et bonheur nés de la séparation (des choses mauvaises), qui est apaisement intérieur.
Également, j'entre et je demeure dans le deuxième jhāna qui est apaisement intérieur, unification de la pensée, qui est dépourvu de raisonnement et de réflexion, né de la concentration, et qui consiste en bonheur.
Également, ô Révérend, lorsque je le veux, me détournant du bonheur, je vis dans l'indifférence, conscient et vigilant, et je ressens dans mon corps le bonheur, en sorte que les Êtres Nobles m'appellent : « Celui, qui, indifférent et attentif, demeure heureux », et j'entre ainsi et je demeure dans le troisième jhāna.
Également, ô Révérend, lorsque je le veux, m'étant débarrassé du bonheur et de la peine, ayant effacé la gaieté et la tristesse antérieures, j'entre et je demeure dans le quatrième jhāna où ne sont ni plaisir, ni douleur, mais qui est pureté parfaite d'attention et d'indifférence.
En sachant et en voyant moi-même, ô Révérend, pourquoi accepterais-je cela par la croyance fondée sur les dire d'un religieux ou d'un brahmane, à savoir qu'il y ait un état de jhāna, d'absorption méditative dans lequel il n'existe pas de raisonnement, ni de réflexion et également qu'il y ait une cessation de la pensée discursive et réfléchie ? »
Cela étant dit par le chef de famille Citta, Nighanta Nāthaputta, se tournant vers son groupe, dit : « Regardez, mes amis. Quel homme malhonnête que ce chef de famille Citta ! Quel homme trompeur que ce chef de famille Citta ! Quel homme dissimulateur que ce chef de famille Citta ! »
Le chef de famille Citta dit alors : « Il y a un instant, ô Révérend, je vous ai entendu dire : Regardez, mes amis ! Quel homme honnête que ce chef de famille Citta ! Quel homme franc que ce chef de famille Citta ! Quel homme sincère que ce chef de famille Citta ! Maintenant, je vous entends dire : Regardez, mes amis. Quel homme malhonnête que ce chef de famille Citta ! Quel homme trompeur que ce chef de famille Citta ! Quel homme dissimulateur que ce chef de famille Citta ! Ô Révérend, si votre dernière affirmation est correcte, votre première affirmation doit être insensée. Maintenant, ô Révérend, je vais vous poser dix questions qui s'accordent avec le bon sens. Si vous pouvez répondre à ces dix questions, vous serez libre avec votre groupe de m'attaquer. Voici les dix questions3 ».
Le chef de famille Citta n'obtint pas les réponses appropriées de la part de Nighanta Nāthaputta. S'étant levé de son siège, le chef de famille Citta s'en alla.
1 Nighanta Nāthaputta est le nom qui désigne Mahāvīra Jina dans les textes bouddhiques pâlis. Les Nighantas sont ses disciples. Mahāvīra Jina est le fondateur de la religion jaïne, contemporain du Bouddha, même s'il était plus vieux d'une vingtaine d'années.
2 Siddhārta Gautama en sanskrit ou Siddhattha Gotama en pâli, le Bouddha lui-même.
3 Ces dix questions ne figurent pas dans le Citta Sutta. On les retrouve dans le Mahāpañha Sutta (Anguttara Nikāya, V, 53-58, qui figure dans Môhan Wijayaratna, « Le Bouddha et ses disciples », éd. Cerf, Paris, 1990, pp. 148-153.
1°) Quel est le facteur essentiel qui produit la souffrance ? (La soif)
2°) Quelles sont les deux choses dont il faut se détacher ? (Les phénomènes physiques et les phénomènes mentaux)
3°) Quelles sont les 3 sensations dont il faut se détacher ? (Agréable, désagréable et neutre)
4°) Quelles sont les 4 bases de l'attention ? (L'attention au corps, l'attention aux sensations, l'attention à l'esprit et l'attention aux objets de l'esprit)
5°) Quelles sont les 5 facultés nécessaires à l’Éveil ? (La confiance, la persévérance, l'attention, la concentration et la sagesse)
6°) Quels sont les six remèdes ? (La bienveillance à l'encontre de la haine, la compassion à l'encontre de la malveillance, la joie à l'encontre de la répugnance, l'équanimité à l'encontre de l'attachement, la concentration sans caractéristique mentale à l'encontre du flot de pensées pourvues de caractéristiques mentales, le déracinement de la pensée « je suis » à l'encontre des doutes, des arguments et des concentrations limitées)
7°) Quels sont les 7 facteurs de l’Éveil ? (L'attention, l'investigation, la persévérance, la joie, la souplesse, la concentration et l'équanimité)
8°) Quels sont les 8 branches du Noble Octuple Sentier ? (Vue juste, pensée juste, action juste, parole juste, moyens d'existences justes, effort juste, attention juste et concentration juste)
9°) Quels sont les 9 états d'existence des êtres sensibles qu'il faut dépasser et transcender ? (Le monde du désir, le monde des dieux Brahmas, le monde des dieux Abhassaras, le monde des dieux Subhakinhas, le monde des dieux Asaññasatta, la sphère de l'espace infini, le sphère de la conscience infinie, la sphère du néant et la sphère de ni-perception, ni non-perception),
10°) Quels sont les dix préceptes ? (Ne pas tuer, ne pas voler, ne pas agresser sexuellement, ne pas mentir, ne pas calomnier, ne pas agresser verbalement, ne pas bavarder inutilement, ne pas tomber dans la convoitise, ne pas éprouver de la malveillance, ne pas tomber dans les vues fausses).
Autres soûtras ou extraits de soûtra du Bouddha
- Soûtra de Jîvaka sur les disciples laïcs (Jîvaka Sutta)
- Soûtra de Samiddhi (soutra traduit du canon chinois)
- Soûtra de Bâhiya (Bâhiya Sutta)
- Soûtra de l’Écume (Phena Sutta)
- Soûtra du Fardeau (Bhāra sutta)
- Soûtra du de l'Attention au Va-et-vient de la Respiration (Ānāpānasati Sutta)
- Soûtra des Kālāmas (Kālāma Sutta)
- Court Soûtra de la Vacuité (Cūḷa Suññatā Sutta)
- Soûtra de la Délivrance (Nibbāna Sutta)
- Méditer longuement l'impermanence
Majjhima Nikâya:
- l'attention, voie unique et merveilleuse
- la parabole de la flèche
Samyutta Nikâya
- Enchevêtrement à l'intérieur, enchevêtrement à l'extérieur
- Une voie ancienne
- Soûtra d'Udaya
Dhammapada : - L'apaisement de la haine (I, 5),et ici aussi.
- l'oubli de la mort (I, 6)
- Celui qui se conquiert lui-même (VIII, 103)
- L'autre rive de l'existence (XXIV, 348)
- La vision juste de tous les phénomènes (XX, 277-279)
- Illuminer le monde comme la lune (XXV, 382)
Soûtra du Cœur : - la forme est vide
Soûtra de l'Amas de Joyaux : - L'émancipation de toutes les vues
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