Hûm.
Aux confins nord-ouest du pays de l'Oddiyâna,
Sur
le pistil d'une fleur de lotus,
Vous
avez atteint le suprême et merveilleux accomplissement.
Né-du-Lotus,
on vous nomme,
Et
une cercle de nombreuses dakinis vous entourent.
Je
suis vos pas afin d'accomplir votre nature.
Veuillez
venir me bénir.
Guru
Padma Siddhi Hûm.
Padmasambhava,
Né-du-Lotus, est ce personnage étrange, maître spirituel atypique
et déconcertant, qui a implanté le bouddhisme au Tibet. Les
Tibétains le considèrent comme un second Bouddha de dimension
tantrique.
La
légende veut que Padmasambhava soit né sur une fleur de lotus.
Notre esprit rationaliste nous autorise à douter de cette version
merveilleuse de la nativité de celui que les Tibétains appellent
« Guru Rimpotché », le Précieux
Maître. Cela paraît aussi peu crédible que de naître
hors d'un chou ou transporté par une cigogne ! Néanmoins, s'il
est très probable que Padmasambhava dont on sait peu de choses soit
né du ventre de sa mère, la symbolique de cette naissance « sur
le pistil d'une fleur de lotus » est néanmoins intéressante
et résonne subtilement avec la mystique du Dzogchen, un courant de
méditation avancé dans le bouddhisme tibétain. Cela indique la
spontanéité de l’Éveil dans notre cœur, notre liberté
fondamentale qui décide spontanément de surgir et d'éclore dans le
monde. Quand on est pleinement conscient ici et maintenant, que l'on
réside attentif dans l'instant présent, l’Éveil peut apparaître
dans la conscience comme une fleur de lotus, symbole de sagesse,
éclot immaculée à la surface d'un étang marécageux.
On
peut, par exemple, être complètement déprimé à un moment donné,
voir les choses en négatif et broyer du noir, et puis en revenant à
un état méditatif conscient de l'instant présent, on voit que ces
états mentaux sont impermanents et transitoires, comme des nuages
noirs qui assombrissent momentanément le ciel mais qui ne sont pas
pour autant le ciel. Et puis émerge en nous un souffle d'air frais
où l'on réévalue complètement notre condition existentielle. La
joie nous envahit, l'esprit s'apaise par rapport à tous les tracas,
la conscience se détend et se relâche, elle s'abandonne à la
spontanéité de l’Éveil.
Padmasambhava
incarne donc le Dzogchen, cette libération spontanée de nos
émotions et états mentaux, cette naissance spontanée à l’Éveil
« suprême et merveilleux » qui se rencontre dans
l'instant présent quand on se libère de l'attachement au passé et
de l'obsession pour le futur. Voilà ce que symbolise notamment Guru
Rimpotché dans cette « Prière en sept vers ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire