Je me suis lancé dans
la méditation. C'est mieux que de rester bêtement assis par terre
sans rien faire.
Jean Yanne
J'aime cette boutade de
Jean Yanne. J'imagine que son but était juste de faire rire
l'assemblée. Mais cela pose une question qui droit au cœur de ce
qu'est la méditation. Au fond, c'est le genre de propos
irrévérencieux que ne renierait pas un maître Zen. Qu'est-ce qui
distingue au fond la personne qui s'adonne à la méditation de celle
qui reste assise là à ne rien faire du tout ? Et au fond, il
n'y a qu'une différence très mince, mais essentielles entre ces
deux activités, ou plutôt ces non-activités: c'est la pratique de
l'attention. Pour moi, la méditation, c'est une façon extrêmement
active de ne rien faire.
La plupart du temps, nous sommes très actifs et volontaires dans nos vies : on s'agite en tous sens pour atteindre ses objectifs, on travaille en vue de gagner l'argent qui nous permettra de nous adonner à toutes sortes d'activité, à acheter une voiture ou une moto qui vont nous permettre d'aller dans toutes sortes d'endroits pour y faire des choses vachement intéressantes. On est extrêmement actif dans la vie, mais on subit nos humeurs, nos émotions, notre état d'esprit, l'insatisfaction fondamentale qui nous pousse à toujours vouloir chercher ailleurs ce qui comblera notre manque d'on ne sait pas quoi. Toutes sortes de facteurs conditionnent nos humeurs et notre vision de monde, sans qu'on en soit vraiment conscient.
La plupart du temps, nous sommes très actifs et volontaires dans nos vies : on s'agite en tous sens pour atteindre ses objectifs, on travaille en vue de gagner l'argent qui nous permettra de nous adonner à toutes sortes d'activité, à acheter une voiture ou une moto qui vont nous permettre d'aller dans toutes sortes d'endroits pour y faire des choses vachement intéressantes. On est extrêmement actif dans la vie, mais on subit nos humeurs, nos émotions, notre état d'esprit, l'insatisfaction fondamentale qui nous pousse à toujours vouloir chercher ailleurs ce qui comblera notre manque d'on ne sait pas quoi. Toutes sortes de facteurs conditionnent nos humeurs et notre vision de monde, sans qu'on en soit vraiment conscient.
La méditation consiste
donc en un retour à ce qui constitue notre soi, à ce qui fait que
nous vivons ce que nous vivons comme nous le vivons. Et ce retour sur
soi passe par le geste très simple de s'asseoir à terre et
d'observer ce qui se présente à l'esprit et à nos sens quand on ne
fait rien, absolument rien. Mais quand on ne fait rien, il se passe
beaucoup de choses. Certes, ce sont des choses qui semblent infimes,
voire insignifiantes, comme l'air qui rentre et qui sort de nos
poumons ou les battements de notre cœur. Mais aussi insignifiantes
soient-elles, ce n'en sont pas moins des choses vitales !
Pareillement, prêter attention à la moindre manifestation des
pensées et de nos émotions est utile pour nous comprendre
nous-mêmes. C'est dans les petites choses, les mouvements infimes de
l'esprit que se situe la source de l'illusion ou la source de la
sagesse. Il est donc vital aussi de regarder en soi-même le
fonctionnement habituel de la conscience. Plus vite, on identifiera
une pensée ou une émotion qui émerge dans la conscience, plus vite
on pourra être libre de cette pensée ou de cette émotion. Si on
laisse les pensées de colère proliférer sans qu'on y prête garde,
cela risque bien d'éclater dans une crise de rage ou une dispute
violente. Parfois même dans cet état, on a toujours pas pris
conscience de son état émotionnel, par exemple, quand quelqu'un
sort de ces gonds, qu'on lui dit de ne pas s'énerver et qu'il se met
à hurler : « MAIS JE NE SUIS PAS EN COLÈRE ! ».
Dans la méditation
bouddhiste, il y a plusieurs façons de traiter avec les pensées
négatives et les émotions perturbatrices. On peut s'opposer à leur
manifestation. Au moment où elles apparaissent dans la conscience,
on leur refuse l'accès et tout développement. D'où l'intérêt de
repérer ces mouvements émotionnels le plus tôt possible. Une autre
mesure à prendre face à ces pensées négatives et émotions
perturbatrices, c'est d'opposer un antidote, une force contraire qui
va neutraliser les effets de cette émotion : face à un désir
égoïste, développer l'altruisme et le souhait d'aider les autres,
face à la colère et la malveillance, cultiver la patience et la
bienveillance, face à la jalousie, et ainsi de suite...
Mais une autre attitude
en méditation est de ne rien faire face à ces pensées noires et
émotions perturbatrices. Ne rien faire au sens transcendantal du
terme. D'ordinaire, nous habillons toutes nos pensées et nos
émotions de tout un discours mental : jugements, appréciations
sur les choses, idées,.... Nous surimposons sur tout ce que nous
voyons toutes sortes de conceptualisations qui réunissent toutes de
perceptions issues des sens en un seul concept, plus commode à
identifier et avec lequel il est plus facile de se repérer dans le
monde. En soi, ce n'est pas un mal, mais ces concepts tendent à
remplacer la perception vécue dans l'instant et à nous enfermer
dans toutes sortes de catégorisations de l'existence.... Par
exemple, quand on voit devant nous une table dans le salon, on se
forme un concept de la « table du salon ». Derrière ce
concept, se cachent toutes les perceptions que l'on a pas pu avoir de
la table : toutes les fois où l'on a pu voir la table, sous
tous les angles imaginables, toutes les fois où on a pu la toucher,
appuyer ses mains et ses coudes dessus. Finalement, on finit par ne
plus voir vraiment voir ou toucher la table réelle, mais la
conceptualiser de manière commode comme « table du salon »,
un objet fixe, clairement identifiable et toujours semblable à
elle-même. Et on fait ça avec tous les objets du quotidien, ainsi
qu'avec les personnes et les êtres vivants.
Mais tout cela est
éreintant, car cela nous enferme en permanence dans des jugements et
des appréciations qui n'ont peut-être plus lieu d'être au moment
où on les vit. C'est pourquoi la méditation est un lieu si
intéressant pour ne rien faire au sens transcendantal du terme :
ne pas poursuivre ces pensées et ce bavardage mental, ne pas
l'alimenter, demeurer dans la fraîcheur de l'instant présent.
Laisser ces pensées et ces émotions se libérer d'elles-mêmes. On
peut alors dans ce grand silence entrer en communication avec la
liberté naturelle de la conscience non-duelle et être simplement
là, véritablement là, assis à ne rien faire.
Sur la méditation :
Pour un commentaire beaucoup plus détaillé des pratiques du Soûtra de l'Attention au Va-et-Vient de la Respiration, voir :
- En compagnie du souffle :
Commentaire au Soûtra de l'Attention au Va-et-vient de la Respiration
- Les Quatre Demeures de Brahmā : amour illimité, compassion illimitée, joie illimité et équanimité illimitée
- Méditation des Quatre Incommensurables
- Méditation des Quatre Incommensurables
Voir également :
- Commentaires sur « L’Art de la Méditation » de Matthieu Ricard : voir le texte
Pourquoi les enseignements du Bouddha sont-ils si rarement cités par les lamas du bouddhisme tibétains ? Est-ce que la méditation sur la nature de l'esprit n'occulte pas l'établissement de l'attention portée sur le corps (telle que le Bouddha l'enseigne dans le Soutra des Quatre Etablissements de l'Attention) ? Les soutras du Petit Véhicule ont-ils un intérêt dans la méditation sur la vacuité telle que l'expriment les soutras de la Perfection de Sagesse ? Comment intégrer les différents Véhicules du bouddhisme ?
- Slowly, slowly, slowly.... : voir le texte
Le progrès lent et graduel de la méditation. Comment arriver à la pleine conscience ?
- Méditer à la piscine
- Méditer à la piscine
Beaucoup de gens aiment faire quelques longueurs à la piscine pour se relaxer. C'est effectivement quelque chose de délassant de se baigner dans l'eau et d'activer l’entièreté de son corps. Mais je trouve que la piscine est aussi excellent endroit pour pratiquer la méditation et l'attention.
- Faut-il une bonne respiration pour méditer ?
On m'a récemment posé la question : je ne peux pas pratiquer la méditation de l'attention portée à la respiration, puisque je suis asthmatique. Que dois-je faire ? Il se trouve que je suis, moi aussi, asthmatique. En fait, le fait de respirer bien ou mal n'a rien à voir avec la pratique de l'attention telle qu'est enseignée par le Bouddha. Il s'agit de prêter attention à la respiration, pas de la réguler à tout prix. Même pendant une crise d'asthme, on continue à inspirer et expirer. Vous le faites difficilement du fait de la crise, mais vous le faites, sinon vous seriez mort. Il faut seulement prendre conscience de cette conscience de cette respiration et laisser l'esprit se calmer et se libérer de lui-même.
- Qu'est-ce que la compassion?
On pense parfois que la compassion consiste à s'affliger soi-même de la détresse des autres, mais, dans la philosophie du Bouddha, rien de tout cela : la compassion est définie comme le souhait ardent que les autres soient libérés de la souffrance et des causes de la souffrance.
- Joie
Qu'est-ce que la joie spirituelle prônée par le Bouddha ?
L'équanimité dans la méditation, l'apaisement des remous de la vie. Comment la pratiquer ? Comment la mettre en œuvre dans la vie de tous les jours ?
A verdadeira meditação é a não meditação. Se você se dispõe a meditar, a iniciativa de fazê-lo já é comprometimento.Um estado, digamos, "meditativo", seria o da Pura Atenção. o olhar direto, único meio de saber-se em sua verdadeira natureza.As palavras são impotentes.Eu tento, às vezes, mas não leva a nada.
RépondreSupprimer@lin de varga : Mas per desvolopar un estat de non-meditacion, cal molt meditar e ne prene l'iniciativa, seure-se/s'assetar.
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