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vendredi 14 avril 2017

Les cinq obstacles


Les cinq obstacles




    Les textes bouddhiques énumèrent cinq obstacles essentiels qui bloquent le progrès dans la méditation et l'accès aux jhanas, les absorptions méditatives. Ces 5 obstacles sont :
  • 1°) le désir,
  • 2°) la malveillance,
  • 3°) la torpeur et la somnolence,
  • 4°) l'agitation et le remord,
  • 5°) le doute.

      Ces cinq obstacles ne sont pas tout d'un bloc. On ne peut pas dire qu'une fois franchis, on ne les retrouvera jamais plus sur son chemin, comme un tronc d'arbre tombé sur un sentier de forêt qu'il suffirait de sauter pour continuer son chemin en toute quiétude. Ces cinq obstacles reviennent constamment sous des formes différentes : au début, on est confronté à l'aspect grossier de ces obstacles, puis qu'on apprend à éviter ou contourner, voire à résoudre les aspects grossiers de ces obstacles, on se retrouve en présence d'aspects de plus en plus subtils qu'il est plus difficile de démasquer, sans parler de les vaincre.




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       Le désir est un obstacle puissant en ce qu'il nous pousse à vouloir avoir quelque chose d'autre, à jouir de quelque chose que nous n'avons pas ou que nous avons, mais que nous souhaitons conserver dans le futur. Dans tous les cas, le désir nous éloigne du contentement de l'instant présent. On veut quelque chose d'autre que ce que l'on a ici et maintenant. C'est problématique du point de vue de la méditation, car la méditation consiste justement à apprécier l'instant présent tel qu'il est. Le désir, lui, trouve l'instant présent complètement insatisfaisant : il manque à ce maintenant une nouvelle voiture de sport, un compte en banque mieux garni, une femme belle et élégante, toutes sortes de plaisirs des sens...

      C'est le désir dans son aspect le plus grossier, celui qui nous pousse en-dehors de la méditation pour chercher ailleurs, toujours ailleurs d'autres satisfactions. Mais il y a aussi des aspects plus subtils de ce désir : vouloir changer de place pour ne plus subir l'inconfort de la posture de méditation. Développer son intuition et des facultés paranormales. Être capable de développer une concentration extraordinaire. Être délivré de tous ses problèmes. Baigner dans un océan de paix et de félicité. Tous ces désirs peuvent rendre également l'instant présent complètement insatisfaisant. On voudrait avoir un esprit clair et lumineux ; mais présentement, tout n'est que confusion dans notre esprit. On voudrait avoir un esprit apaisé ; mais présentement, les émotions ne cessent de nous agiter et de nous troubler. On voudrait avoir un esprit tourné vers le bien ; mais présentement, on est constamment tenté par le mal. Tout cela nous attriste énormément. C'est une dialectique complexe dans la mesure où c'est une bonne chose que de vouloir s'améliorer et s'élever spirituellement, mais s'accrocher à ce désir de perfection, par contre, risque bien de devenir un obstacle essentiel à ce progrès spirituel.

      Si vous jugez l'instant présent par rapport à un futur idéalisé, vous allez au devant de grandes déceptions. En fait, dans la méditation, il ne faut pas juger l'instant présent, mais simplement l'observer et y prêter attention. Le Soûtra des Quatre Établissements de l'Attention (Satipatthana Sutta) précise dans le passage de l'attention à l'esprit tel qu'il est, et non tel qu'il devrait être. Si vous êtes concentrés, constatez simplement cet état de concentration. Si, au contraire, votre mental est complètement dispersé et incapable d'une concentration prolongée, soyez simplement conscient de cet état d'esprit sans le juger. Si vous êtes plein de bienveillance envers le monde, observez simplement cette bienveillance en vous. Si, au contraire, vous êtes plein de colère et de ressentiment envers le monde, observez simplement comment cette colère ou ce ressentiment se déploie en vous. Il est nécessaire d'accepter cette imperfection présente pour que cette imperfection puisse devenir un matériau sur lequel on va pouvoir travailler. Au contraire, le désir de perfection et de maîtrise risque de vous rendre intolérable au véritable état de votre mental, et ce désir de perfection va alors être un obstacle important dans le progrès de la méditation.



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      La malveillance à l'état grossier se trouve dans toute la colère, la haine ou le ressentiment que l'on peut nourrir à l'égard des autres ou de soi-même. Si le désir trouve son remède dans le détachement et l'acceptation de l'instant présent, la malveillance trouve son remède dans la bienveillance, l'amour et la compassion. On ne peut pas être en paix avec soi-même si on est mu par la colère et le ressentiment. En fait, la colère nous détruit de l'intérieur en créant des tensions énormes en nous. Le Bouddha dit qu'être colère, c'est comme tenir un charbon ardent en main en espérant le lancer sur la personne qu'on déteste. En attendant, c'est nous-mêmes qui nous brûlons !

        À l'état plus subtil, la malveillance s'exprime comme une irritation par rapport à tout ce qui gène la méditation. Par exemple quand il y a trop de bruit autour de nous. On voudrait qu'un silence monacal entoure notre pratique de la méditation ! Et puis on attend des bruits de bavardages ou des enfants qui jouent, et cela perturbe notre méditation, ce qui a le don de nous mettre en rogne ! Je me souviens de personnes qui m'expliquaient qu'elles allaient dans un centre bouddhiste à la campagne pour pratiquer la méditation parce qu'à Bruxelles, il était impossible de pratiquer la méditation. Je trouvais cela vraiment bizarre. Certes, dans les grands villes, il y a beaucoup de bruit et d'agitation du fait du trafic, des voitures qui passent et qui klaxonnent, des gens qui crient dans la rue ou des ivrognes qui chantent ou qui se bagarrent. Cela constitue des distractions pour le mental, mais le problème n'est pas tellement le bruit, mais l'incapacité du mental à se concentrer. À la campagne aussi, il y a du bruit ! Le chant des oiseaux, le vent dans les branches, les cris des animaux, le bruit des tracteurs dans les champs, le bruit strident des tronçonneuses en action... En fait, la méditation consiste à apprendre progressivement à développer une faculté de concentration malgré tous les stimuli extérieurs qui peuvent capter l'attention du mental.

        Face à cette irritation par rapport à tout ce qui gêne notre méditation, il faut développer une qualité de souplesse, une capacité de s'adapter aux situations inconfortables que l'on va pouvoir rencontrer. On ne vit pas malheureusement dans le meilleur des mondes pour pratiquer la méditation, mais il faut gagne la capacité de contourner ces difficultés, sinon l'irritation va devenir le seul obstacle vraiment infranchissable. Dites-vous aussi qu'un pratiquant aguerri doit pouvoir se mettre en méditation dans un hall de gare ou au milieu d'une soirée techno, et vous comprendrez que la véritable liberté de l'esprit consiste à pouvoir se libérer de l'emprise de tous les stimuli. Cela change complètement la perspective.



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      À l'état grossier, la torpeur consiste tout simplement à s'endormir en méditation ! C'est un écueil fréquent, puisque quand on ne fait rien, le risque est évidemment de s'assoupir. Il faut apprendre à ne pas tomber dans le piège de la torpeur et de la somnolence. Pour cela, il faut pratiquer l'attention et se connaître soi-même afin de repérer les traces d'endormissement le plus tôt possible et redresser sa position afin de ne pas céder à la torpeur et tomber tout doucement dans les bras de Morphée.

      À l'état plus subtil, la torpeur peut se manifester sous la forme d'un état un peu second, très plaisant, comme si on planait sur son petit nuage. Vous n'êtes pas endormi, mais vous êtes dans un état d'engourdissement. A priori, cet état peut sembler agréable, mais il vous paralyse dans le cheminement spirituel. En fait, on est comme anesthésié dans cet état. Le mot Buddha signifie Éveillé en sanskrit. Typiquement, cette torpeur subtile peut agir comme un obstacle puissant à l’Éveil spirituel, parce qu'il est difficile de quitter cet état. On y est si bien ! Je me suis rendu compte que, si on sortait de cet état, on avait à affronter une douleur cinglante, un malaise profond ou des angoisses profondément ancrées en nous. Cette torpeur est comme un mécanisme de défense de notre mental pour ne pas être confronté aux choses pénibles de l'existence, mais ce faisant, cette torpeur nous empêche à d'accéder à la véritable nature du réel et ne nous permet pas de dépasser nos peurs les plus profondes.



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         L'agitation et le remord sont les remous du mental, ce qui rend impossible la paix de l'esprit. Le Yoga Sûtra hindouiste de Patañjali commence d'ailleurs par cette définition emblématique : « Le yoga consiste en la cessation des tourbillons de l'esprit ». Pour remédier à ce problème de l'agitation mentale, il faut commencer par essayer d'avoir la vie la plus apaisée possible. Ce n'est pas toujours pas facile tant les agressions et les troubles peuvent être nombreux dans une existence, mais il est de notre responsabilité d'éviter de nourrir les conflits et les situations troublées, les disputes et les propos malveillants.

      Il en va de même avec les remords. Pour éviter les remords, il faut commencer par éviter les mauvais comportements que l'on pourrait regretter amèrement plus tard. La conduite éthique est la meilleure base pour connaître l'absence de remords. Comme le dit le Bouddha à Ānanda : « Ô Ananda, les actions efficaces et les préceptes ont pour but l'absence de remords. L'absence de remords a pour but la joie. La joie a pour but la jubilation. La jubilation a pour but la sérénité. La sérénité a pour but la félicité. La félicité a pour but la concentration du mental. La concentration du mental a pour but la capacité de savoir et de voir les choses telles qu'elles sont. La capacité de savoir et de voir les choses telles qu'elles sont a pour but le dégoût et le détachement. Le dégoût et le détachement ont pour but la connaissance et la vision profonde concernant la libération. Ainsi, vous voyez, ô Ananda, les actions efficaces et les préceptes dirigent le disciple graduellement vers les plus hauts sommets 1 ».

       Dans la méditation proprement dite, la meilleure solution face à l'agitation consiste à laisser les choses être. Être le spectateur impartial de cette agitation sans essayer de la contrôler et sans exciter cette agitation non plus. L'agitation va retomber d'elle-même progressivement pour laisser place au silence. Le problème de cette stratégie est que ce lâcher-prise peut conduire à la torpeur et la somnolence, l'obstacle précédent ! Tout comme le fait de se redresser et de se tendre pour ne pas céder à la somnolence peut conduire à être plus facilement sujet à la méditation. En méditation, on passe souvent de Charybde en Scylla ! Il faut trouver le sentier étroit entre trop de tension dans la posture et dans la concentration, et trop de relâchement. Le Bouddha avait recommandé au moine Sona qui était un ancien musicien de pratiquer la méditation comme il jouait du luth et de la cithare : de la même façon que, pour accorder son instrument, il ne faut pas tendre ses cordes au point de les briser, mais ne pas non plus les relâcher au point qu'aucun son ne sorte de l'instrument, en méditation, il ne faut pas trop être tendu, ni être trop relâché. Il faut trouver le juste milieu pour accorder son esprit à la réalité absolue !



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     Enfin, le dernier obstacle est le doute. Le doute n'est pas nécessairement une mauvaise chose ; c'est même une chose très utile quand il s'agit de remettre en question les tromperies ou les erreurs qui peuvent frapper l'esprit. S'agissant des croyances métaphysiques diverses et variées, souvent contradictoires, le Bouddha va même jusqu'à dire dans le Soûtra des Kālāmas 2 : « Il est normal, Kālāmas, que vous ayez des doutes et que vous soyez dans la perplexité, car le doute est né chez vous avec raison ». Si quelqu'un vous explique que 2 et 2 font 5, il y a de quoi avoir des doutes ! Si un charlatan veut vous vendre une potion sensée tout guérir, il y a de quoi avoir des doutes ! Si un politicien vous promet des lendemains qui chantent et le paradis sur terre, il y a de quoi avoir des doutes ! Si un prophète vous jure que son dieu est le seul Dieu, il y a de quoi avoir des doutes !

     Le doute est une dimension critique de l'esprit qui est souvent nécessaire pour avancer dans le progrès de l'humanité. Néanmoins, le doute par rapport au bienfait de la méditation peut vous paralyser. Et c'est ce doute-là qui est un obstacle dans le progrès de la méditation. Cette petite voix intérieure qui vous dit : « à quoi bon ? ». Vous pouvez douter du bien-fondé de la méditation ou douter de votre capacité à progresser dans la méditation : « la méditation, c'est pour les sages et les saints, pas pour quelqu'un de normal comme moi ». Ce doute va faire flancher votre détermination. Face à cela, il faut avoir une certaine qualité de persévérance pour passer outre les moments où on ne ressent aucun plaisir ou bien-être dans la méditation, et qu'on ne voit aucun fruit dans la méditation, une sorte de désert de la méditation. Il faut essayer de reprendre confiance dans le message du Bouddha. Non pas une confiance aveugle, mais une confiance guidée par la raison qui est à même de discerner les bienfaits pour l'esprit et le corps d'une telle pratique de la méditation.

         De manière plus subtile, le doute peut s'insinuer en nous, non pas en remettant en question tout le Dharma, l'enseignement du Bouddha, ou doutant des bienfaits de la méditation, mais en se demandant s'il n'y a pas des choses plus utiles à faire : « Au lieu de pratiquer tout seul la méditation, est-ce que je ne ferai pas mieux de venir en aide aux pauvres ? » Ce faisant, on se détourne de la méditation pour la bonne cause ; mais en fait, c'était une façon détournée de ne pas se confronter à soi-même. Une amie m'avait un jour parlé d'un homme qu'elle connaissait et qui prétendait qu'il était désormais « au-delà de la méditation ». Cela m'avait laissé particulièrement dubitatif. Comment peut-on être au-delà de la méditation ? Je pense que cet homme s'est retrouvé bloqué à un moment donné dans sa pratique de la méditation, et que, plutôt de reconnaître cette impasse pour ce qu'elle est, son orgueil l'a poussé à raconter qu'il était « au-delà de la méditation ». S'il avait persévéré dans la méditation, il se serait rendu compte que cette impasse est temporaire et qu'il n'y a pas de limite à la pratique de la méditation.

          On peut toujours développer sa capacité d'attention : on peut prendre conscience de phénomènes de plus en plus subtils et petits. Êtes-vous conscients de chaque organes de votre corps ? Êtes-vous conscients du fonctionnement de vos neurones ? Êtes-vous conscients de comment l'énergie se propage dans tout votre corps ? Êtes-vous conscient des cellules de votre corps ? Non ? Alors, continuez à pratiquez la méditation ! Êtes-vous de répandre l'amour et la compassion autour de vous à tel point que le monde en soit instantanément changé ? Non ? Alors, continuez à pratiquez la méditation ! Êtes-vous capable d'accéder sans effort aux mondes divins de la sphère de l'espace infini ? À ceux de la sphère de la conscience infinie ? À ceux de la sphère du néant ? À ceux de la sphère de ni-perception, ni non-perception ? Non ? Alors, continuez à pratiquez la méditation ! Un domaine infini s'ouvre à vous.









1 Ānisamsa Sutta (Soûtra des Résultats), Anguttara Nikāya, V, 1-2. Môhan Wijayaratna, « Le Bouddha et ses disciples », éd. du Cerf, Paris, 1990, pp. 161-162.

2 Kālāma Sutta, Anguttara Nikāya, I, 187-191. 












Elicia Edijanto









Sur la méditation de manière générale : 






Pour un commentaire beaucoup plus détaillé des pratiques du Soûtra de l'Attention au Va-et-Vient de la Respiration, voir : 

En compagnie du souffle :  

     













Sur les méditation des Quatre Qualités Incommensurables :




Les différentes formes de l'amour et comment concilier ces différentes formes avec sagesse.


Les Quatre Demeures de Brahmā : amour illimité, compassion illimitée, joie illimité et équanimité illimitée



        On pense parfois que la compassion consiste à s'affliger soi-même de la détresse des autres, mais, dans la philosophie du Bouddha, rien de tout cela : la compassion est définie comme le souhait ardent que les autres soient libérés de la souffrance et des causes de la souffrance.




Joie 

   Qu'est-ce que la joie spirituelle prônée par le Bouddha ?





    L'équanimité dans la méditation, l'apaisement des remous de la vie. Comment la pratiquer ? Comment la mettre en œuvre dans la vie de tous les jours ?








Voir également : 


- Commentaires sur « L’Art de la Méditation » de Matthieu Ricard : voir le texte

     Pourquoi les enseignements du Bouddha sont-ils si rarement cités par les lamas du bouddhisme tibétains ? Est-ce que la méditation sur la nature de l'esprit n'occulte pas l'établissement de l'attention portée sur le corps (telle que le Bouddha l'enseigne dans le Soutra des Quatre Etablissements de l'Attention) ? Les soutras du Petit Véhicule ont-ils un intérêt dans la méditation sur la vacuité telle que l'expriment les soutras de la Perfection de Sagesse ? Comment intégrer les différents Véhicules du bouddhisme ?









Slowly, slowly, slowly.... : voir le texte
       Le progrès lent et graduel de la méditation. Comment arriver à la pleine conscience ?





       Beaucoup de gens aiment faire quelques longueurs à la piscine pour se relaxer. C'est effectivement quelque chose de délassant de se baigner dans l'eau et d'activer l’entièreté de son corps. Mais je trouve que la piscine est aussi excellent endroit pour pratiquer la méditation et l'attention. 







On m'a récemment posé la question : je ne peux pas pratiquer la méditation de l'attention portée à la respiration, puisque je suis asthmatique. Que dois-je faire ? Il se trouve que je suis, moi aussi, asthmatique. En fait, le fait de respirer bien ou mal n'a rien à voir avec la pratique de l'attention telle qu'est enseignée par le Bouddha. Il s'agit de prêter attention à la respiration, pas de la réguler à tout prix. Même pendant une crise d'asthme, on continue à inspirer et expirer. Vous le faites difficilement du fait de la crise, mais vous le faites, sinon vous seriez mort. Il faut seulement prendre conscience de cette conscience de cette respiration et laisser l'esprit se calmer et se libérer de lui-même.














Tracy Franz, Japon





Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.



    Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.




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