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vendredi 15 septembre 2017

Espérant le cri du coucou





Espérant le cri du coucou,
j'entends les cris
du marchand de légumes verts

Bashō (Japon, 1644 – 1694)







Fan Ho







      Voilà un haïku intéressant de Bashō, le grand maître japonais du genre. L'esprit poétique s'enivre de la beauté et du calme qui peuvent apparaître dans les moments de contemplation. De simples choses comme le chant du coucou ou le murmure du vent dans les branches peuvent ravir le poète. Néanmoins, on n'est pas toujours servi de la délicatesse du monde. Parfois, souvent même, on n'est rappelé à des choses beaucoup plus terre-à-terre : les harangues du marchand de légumes. « Vous reprendrez bien un peu de mes beaux poireaux ! » C'est le monde aussi qui nous appelle. Mais de façon beaucoup moins aérienne. Je me souviens m'être promené sur les hauteurs d'une vallée boisée. J'avais avec moi les textes poétiques et spirituels d'un maître Zen, Dōgen Zenji. Je voulais m'asseoir au-dessus d'une falaise pour méditer et m'imprégner du silence et de la beauté verdoyante des lieux. Au moment où je me suis assis, des gens ont activé leur tronçonneuse dont le vrombissement résonnait dans toute la vallée encaissée. Voilà un moment inspirant de méditation qui s'est transformé en séance de torture pour mes oreilles. Un rappel du fracas du monde et une invitation malgré tout à trouver la sérénité dans le brouhaha et l'inconfort.






 Kano Isen'in Naganobu, Prunier en fleur et oiseaux, Période Edo, 1775–1828.














Voir aussi : 



























Shibata Zeshin - Kaki séché 








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2 commentaires:

  1. « Néanmoins, on n'est pas toujours servi de la délicatesse du monde.»
    Oui, c'est très drôle.
    Il faut également reconnaitre que souvent la vie nous réserve aussi de belles surprises.

    Et je trouve que cet haïku de Basho, rejoint aussi ton poème précédent de Ci'an Shoujing dans ton billet « La vie humaine comme nuage et eau. »
    Car comme tu le dis si bien : « Se laisser aller à ce qui est
    et laisser la créativité de la vie apporter les plus beaux fruits de la vie.»

    Oui, rien à ajouter, rien à retirer.
    Parfaite avec toutes ses imperfections,
    quand le petit «je» s'efface,
    la vie est belle dans toute sa dualité.

    Et je pense alors à ce petit haïku que j'aime beaucoup, qui décrit avec délicatesse et humour cet autre côté imprévisible et inattendu de la vie.

    « Partir à la recherche des cerisiers en fleurs,
           Mais revenir
           Avec des violettes sauvages »
    Iio SOGI

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  2. Merci pour Tara pour votre commentaire et ce haïku de Sôgi, vraiment magnifique et profond, qui exprime à merveille effectivement l'inattendu et imprévisible dans la vie, qu'il faut savoir cueillir.

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