(Extrait de « Plaidoyer pour l'altruisme » de Matthieu Ricard)
Récemment, j'étais en Franche-Comté chez un ami dont les
parents furent les derniers agriculteurs indépendants de la région.
Alors que nous parcourions la campagne, cet ami me disait :
« Autrefois, à la saison des cerises, nous étions tous dans les arbres à nous régaler. Maintenant, les cerises
restent sur les branches. Les enfants d'aujourd'hui ne grimpent plus
sur les branches ».
Plusieurs études ont en effet montré que les enfants d'Europe et
d'Amérique du Nord en milieux urbains jouent dix fois moins ensemble
dans les lieux publics, la rue notamment, qu'il y a trente ans. Le
contact avec la nature se limite souvent à une image de fonds
d'écran d'ordinateur, et les jeux sont de plus en plus solitaires,
dénués de beauté, d'émerveillement, d'esprit de camaraderie et de
satisfactions simples. Entre 1997 et 2003, le pourcentage des enfants
de neuf à douze ans qui passaient du temps dehors à jouer ensemble,
à faire des randonnées ou du jardinage a chuté de moitié. Ce
phénomènes est lié à de nombreux facteurs : le fait que de
plus en plus de familles vivent en milieu urbain, que la « rue »
est devenue dangereuse aux yeux des parents – circulation,
mauvaises rencontres, etc...
Dans son livre Last Child in the Woods (« Le dernier
enfant dans la forêt »), Richard Louv, journaliste et écrivain
américain, écrit que nous élevons une génération d'enfants qui
souffrent de « trouble du déficit de la nature », du
fait qu'ils n'ont pratiquement plus aucun contact ni aucune
interaction avec le milieu naturel. Louv cite cette remarque d'un
jeune élève : « Je préfère jouer à la maison parce
que c'est là qu'il y a tous les appareils électroniques ».
Matthieu Ricard, "Plaidoyer pour l'altruisme", éd. NiL, Paris, 2013, pp. 622-623.
À propos de Matthieu Ricard, voir aussi :
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- Un mouton n'est pas un tabouret qui se déplace
- Liberté
- Commentaires sur « L’Art de la Méditation » de Matthieu Ricard : voir le texte
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- Empathie et altruisme
Le psychologue serge Tisseron critique le moine bouddhiste Matthieu Ricard sur la question de l'empathie. Celui-ci ne distingue pas suffisamment les différents types d'empathie. Et face à la détresse émotionnelle qui peut survenir à cause d'un trop-plein d'empathie, il oppose la compassion au sens bouddhiste du terme. Mais comment le bouddhisme pense-t-il vraiment des notions telles que l'empathie, l'altruisme et la compassion ?
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