Yves Bonnardel a répondu à mon article « L’animalisme est-il un humanisme ?» qui défendait l’humanisme dans une perspective antispéciste et qui critiquait l’antihumanisme d’Yves Bonnardel dans une interview que l’on peut trouver sur le net. Sa réponse n’a néanmoins pas été une réfutation de mes propres arguments, mais une suite de liens vers des articles de David Olivier, autre collaborateur des « Cahiers Antispécistes ». Et en particulier, il met en exergue un de ses articles : « Je trouve que la première partie de l'article de David, "Pour un radicalisme réaliste"[1], met bien en lumière que c'est abusivement que nous rapportons à l'idée d'humanité (de même qu'à l'humanisme) diverses caractéristiques positives... ». C’est donc à cet article de David Olivier que je répondrai ici.
La première partie de cet article se trouve ici.
Voici donc ici la deuxième partie.
******
Du
point de vue historique maintenant, David Olivier impute à l’humanisme un rôle
central dans l’avènement du nazisme ou du stalinisme : « Le curriculum
vitae de l'humanisme est pourtant fort sanglant, tout comme celui de la
religion ; et ceci, y compris si on ne compte que le sang humain. C'est
ainsi explicitement au nom de l'Homme que furent commis les massacres nazis,
staliniens et khmer-rouges ». Cela me paraît franchement désolant
comme argumentation : ce genre d’insinuations gratuites n’a rien à voir
avec l’Histoire. En quoi Hitler aurait-il été un humaniste, lui qui a scindé
l’humanité en différentes races, placées dans une hiérarchisation stricte et
justifiant les plus infâmes violences de masses à l’égard des Juifs et des
Tziganes ? Il me semble ici trop fastidieux pour moi comme pour le lecteur que
je suppose un minimum cultivé de revenir sur les lois raciales prônées par le
régime nazi, ni sur les entreprises infernales qu’étaient les camps de
concentration.
Quant à Staline, j’avais déjà évoqué
le fait que Staline parlait des êtres humains comme des
« hommes-boulons »[1].
Ces hommes-boulons n’étaient à ses yeux que des pièces dans un système que l’on
pouvait jeter dès lors qu’il ne fonctionnait pas comme on l’entendait dans la
machine bien huilée du régime (ou soi-disant bien huilée, puisque le régime
stalinien a été une gigantesque tromperie conduisant à la famine de millions de
Soviétiques…). Le cas de Staline est certes plus ambigu, car Staline en bon
stratège machiavélique n’hésitait pas utiliser une rhétorique certes humaniste
pour manipuler les masses et les cadres du Parti communiste quand il lui
fallait utiliser cette rhétorique afin de parvenir à ses fins. C’était notamment la
critique que Louis Althusser adresse à l’humanisme en invoquant ces discours où
Staline emploie les valeurs de l’Homme ou du bien-être de l’humanité pour
parvenir à imposer son pouvoir totalitaire. Mais cela ne constitue pas une
critique en soi contre l’humanisme : Staline ne fait qu’employer à son
compte une rhétorique classique dans le marxisme, tout en sachant que Marx et
les marxistes ont été ambigus sur cette question de l’humanisme. Si j’en crois
Louis Althusser (sa position ne doit néanmoins pas être prise comme argent
comptant, il me semble, mais je ne suis pas non plus un spécialiste de Marx,
dois-je le reconnaître), le jeune Marx était humaniste : il parle de la
dignité humaine bafouée des travailleurs prolétaires, forçats du capitalisme.
Mais progressivement, Marx va se retourner contre l’humanisme en lui reprochant
d’être une philosophie bourgeoise qui élude les rapports économiques et la
lutte des classes. Toujours est-il qu’il est difficile de voir dans les régimes
communistes tant de Staline ou de Polpot un quelconque humanisme réel qui
serait à l’œuvre.
Nazisme et stalinisme ont certes
parlé d’un « homme nouveau » amené à émerger dans la société comme
manufacturé par la mécanique sanglante et oppressante de leurs régimes. Cet
homme nouveau n’a pas grand-chose à voir avec l’homme mis en exergue par les
humanistes assurant son progrès personnel grâce à sa liberté individuelle, sa
culture et son érudition, allant puiser dans les trésors intellectuels et
artistiques de l’Antiquité ce qui lui
permettra d’éclairer la modernité présente, un homme avec ses particularités
personnelles qui accepte de vivre en bonne entente et en bonne tolérance avec
d’autres êtres humains différents de lui en matière de religion, de philosophie
ou de politique.
On a l’impression que David Olivier
identifie la civilisation occidentale à l’humanisme. Ce qui fait que tout ce
qui s’est passé en Occident, et notamment Staline et Hitler (et même Polpot qui
a été le pantin du marxisme, une idéologie née en Occident), serait le fruit de
l’humanisme. Evidemment, à ce jeu-là, on peut bien reprocher des choses à l’humanisme….
*****
David Olivier critique ensuite la
tendance de l’humanisme de se préoccuper de l’Homme, un être abstrait et
vaporeux dans les limbes de la métaphysique, et pas de la souffrance concrète,
ressentie subjectivement par des êtres humains réels. Partant de là,
l’humanisme refuse l’euthanasie à des personnes souffrant le martyr en fin de
vie. Soyons clair : il est très probable que cette critique s’adresse
effectivement à CERTAINS humanistes, mais pas à TOUS les humanistes !
J’avais déjà insisté dans l’article « L’animalisme
est-il un humanisme ?[2] » (voir ici) sur le fait que l’humanisme n’est pas une doctrine univoque et n’est pas non
plus un dogme unique. On trouve différentes conceptions de l’humanisme.
L’humanisme kantien est une des possibilités qu’offre l’humanisme, mais pas la
seule. Effectivement, comme le dit David Olivier, Emmanuel Kant était contre le
suicide, mais pour la peine de mort. C’est un fait. Mais doit-on lire l’œuvre
colossale de Kant comme un fanatique lirait les Écritures Saintes, sans esprit
critique et sans replacer Kant dans son contexte historique ? Ce serait,
il me semble, faire injure à Kant lui-même. Dans les faits, beaucoup de
penseurs kantiens sont aujourd’hui des détracteurs de la peine de mort au nom
d’impératifs catégoriques très inspirés de Kant. Et il est intéressant que
constater que beaucoup de gens qui militent pour le droit à l’euthanasie le
font en invoquant le droit à mourir dans la dignité et le respect de la
personne humaine, en invoquant donc un vocable tout à fait humaniste.
*****
Ensuite, David Olivier assène son
coup de massue à l’humanisme, ce qui lui semble être la principale faute de
l’humanisme : « L'humanisme est
par définition spéciste. Il ne me semble pas possible de lutter contre le
spécisme sans s'attaquer à l'humanisme ». Je ne répondrai pas ici à
cet argument puisque c’était tout l’objet de mon article « L’animalisme est-il un humanisme ? » (voir ici).
Mais j’essaierai de défendre l’idée selon laquelle c’est peut-être une grosse
perte de temps et d’énergie que d’attaquer l’humanisme, et que cela restera une
entreprise très incertaine quant aux résultats espérés en matière d’antispécisme.
Une société « libérée » de
l’humanisme sera-t-elle plus facilement portée à embrasser avec enthousiasme la
cause antispéciste ? Je me permets d’en douter considérablement….
L’humanisme s’est déjà effondré, et cela a conduit à Hitler et à Staline, pas
au bonheur des petits animaux. Hitler et les nazis avaient même, je le
rappelle, copier le modèle d’Auschwitz, Treblinka et des autres camps de concentration sur le modèle des abattoirs de Chicago[3].
Rien ne nous permet de penser sérieusement qu’une fois le cadre humaniste
abattu, l’antispécisme triomphera. Rien. Par contre, plusieurs idéologies dans
le vent ont intérêt à l’effondrement de l’humanisme : les fanatismes
religieux, salafiste ou chrétien fondamentaliste, le capitalisme le plus
sauvage et le fascisme le plus violent, le plus haineux qui s’exprime dans des
mouvances comme Aube Dorée en Grèce.
David Olivier souligne que
l’humanisme est une idéologie dans laquelle nous baignons tous : « Les
humanistes, c'est toutes les humaines, au moins dans nos
contrées ; les humanistes c'est chacune de nous ». On dit souvent que l’humanisme est l’horizon de notre
temps. C’est certainement vrai, mais seulement si on ajoute que ce n’est pas un
horizon nécessairement éternel : le ciel pourrait s’assombrir et l’on
pourrait très vite changer d’horizons. Remettre Dieu ou la Nation comme horizon
indépassable de notre pensée, si l’on n’y prend garde. Spinoza avait pour
devise latine « Caute » : fais attention, sois vigilant. Et l’on
serait bien avisé d’en faire autant, car il est dans l’air du temps de se
permettre beaucoup de choses sous prétexte d’humour grinçant ou de franc-parler
politique, de dire que les Noirs sont des singes tout justes bons à manger des
bananes, que tout est la faute des Juifs ou des francs-maçons, quand ce n’est
pas celle des musulmans.
Mon propos n’est donc pas abolir ce
cadre humaniste, on l’aura compris, mais au contraire de le renforcer et de
s’appuyer pour promouvoir des luttes légitimes et justes. L’antispécisme et la
libération animale sont une de ces luttes, mais ce n’est pas la seule. David
Olivier me rétorquera que certains humanistes voient la supériorité de la
condition humaine, ce qui justifie l’élevage, le commerce et la consommation de
la viande, les corridas, la vivisection qui font horreur aux antispécistes.
Oui, c’est vrai, CERTAINS humanistes voient une frontière nette entre l’homme
et l’animal. Pour eux subsiste une différence de nature entre l’homme et
l’animal. D’AUTRES humanistes voient entre l’homme et l’animal seulement une
différence de degré comme Montaigne ou Charles Darwin. C’est clairement mon cas.
Et aujourd’hui, il me semble que ce sont ces humanistes qui ont le vent en
poupe si j’en crois les publications des éthologistes ou des généticiens qui
questionnent cette différence entre l’homme et l’animal.
Mais ce n’est pas une raison pour
désespérer des premiers. Certes, ceux-là continueront à voir dans l’Homme un
être supérieur capable de Raison ou capable de suivre en son âme et conscience
une Loi morale gravée dans son cœur pour reprendre l’expression de Kant. On ne
pourra pas invoquer avec eux la subjectivité de l’animal, de se poser à la
suite de Bentham et de Peter Singer la question : « Peuvent-ils
souffrir ? » et voir entre des êtres conscients et sensibles au même
titre que les êtres humains. Et on le convaincra encore moins de voir dans les
animaux des sujets de droit qui peuvent prétendre à un statut juridique. Non
certes, mais on peut les amener à défendre l’idée que si les animaux n’ont pas
de droit, au moins, les humains, êtres supérieurs et moraux par excellence, ont
des devoirs envers eux, qu’ils sont capables de faire preuve d’humanité à leur
égard et qu’ils devraient agir dans ce sens et de proposer une législation qui
contraigne les hommes à respecter ces devoirs envers les animaux.
Certes, il ne s’agit pas d’enjoliver
la situation : les avancées sur la question du bien-être animal sont
parfois bien minimes : cinq centimètres par-ci, par-là gagnés en
superficie de cages pour les poules pondeuses... Et de nombreuses résistances
se font jour, et notamment sur le plan de la communication où l’on se complaît
à jouer sur les mots pour freiner ou empêcher des évolutions nécessaires :
je pense en particulier à des néologismes comme la « bientraitance »
que les éleveurs industriels et le lobby de la viande tentent de faire passer
pour glisser subrepticement de la conception où l’animal est vu comme un être
sensible et conscient, à la conception que l’homme seul a un rôle actif dans la
relation homme-animal. A lui seul revient la responsabilité morale de bien se
comporter envers les animaux et d’agir en conscience envers eux. Cela permet
d’une part d’écarter de mettre les projecteurs sur l’Homme et de faire oublier
l’animal et sa sensibilité. Cela permet d’autre part d’intégrer la
« bientraitance » dans une dynamique plus large de bonne gestion de
l’entreprise et de ne surtout pas remettre en question le principe même de
l’élevage industriel.
Mais même s’il s’agit de rester
vigilant, il me semble important de retenir que l’on peut entrer en dialogue
avec des gens qui ne partagent pas les présupposés de l’antispécisme et faire
évoluer les choses quand même. Et que pour ce faire, l’humanisme n’est pas ce
marécage fangeux que nous décrit David Olivier où viendrait s’embourber toute
la cause animale. On peut partir de l’humanisme et faire avancer la cause
animale, y compris avec les humanistes qui sont convaincus d’un fossé entre
l’homme et l’animal, qui ne jurent que par une différence de nature. On n’en
fera certes pas des végans du jour au lendemain, mais on peut déplacer la ligne
de démarcation entre l’acceptable et l’inacceptable en faveur des animaux, et
cela, il ne faut pas le sous-estimer.
Une valeur comme l’égalité dont se
revendique David Olivier est une valeur qui naît et se développe dans un
contexte humaniste. David Olivier a beau y voir dans l’humanisme un refus de
cette égalité que ce soit entre les hommes ou entre les hommes et les animaux,
l’égalité est une notion qui prend vigueur historiquement avec l’humanisme.
David Olivier l’admet lui-même : « Toutes nos réactions égalitaristes ont aujourd'hui été formées sur le
terrain humaniste ; je ne peux rejeter d'un trait l'humanisme, même en
sachant qu'il est fondamentalement incompatible avec l'égalité, sans
compromettre gravement toute possibilité de lutter pour l'égalité, y compris
pour l'égalité animale. Comment lutter contre les boucheries de non-humains en
ne nous opposant plus que mécaniquement aux boucheries d'humaines ?
Comment faire appel à la générosité des gens, en ayant ôté d'un coup sec le
terrain sur lequel elle s'est toujours exercée ? Et comment bâtir sans
générosité un mouvement politique en faveur des plus désarmées des victimes de
l'humanisme ? »
Mon désaccord avec David Olivier
tient à ce qu’il me semble bien plus avisé de bâtir sur le terrain humaniste
plutôt que de vouloir bâtir à tout prix un autre terrain anti-humaniste dont on
ne connaît ni les tenants, ni les aboutissants et qui ne nous offre aucune
garantie d’efficacité. Il ne faut pas oublier qu’il a fallu que l’égalité fasse
son chemin. En sortant du Moyen-Âge, cela n’avait rien d’une évidence,
l’égalité a commencé à être prônée entre nobles et bourgeois, et puis plus
tardivement entre bourgeois et prolétaires, et puis encore plus tardivement entre
Européens et Africains. Les détracteurs contemporains de l’esprit des Lumières
ont beau jeu de souligner que Voltaire avait des actions dans des entreprises
esclavagistes ; mais c’est oublier qu’à l’époque de Voltaire, au siècle
des Lumières, on était beaucoup moins imprégné de l’esprit des Lumières
qu’aujourd’hui, y compris les philosophes des Lumières eux-mêmes ! Aujourd’hui,
avoir des actions dans une entreprise esclavagiste est la marque d’une crapule
indigne, d’un être tout juste intéressés par l’argent, méprisant toutes
considérations humaines. Mais à l’époque de Voltaire, c’était un bon
placement ! Comme aujourd’hui
investir dans l’agro-alimentaire, et donc les élevages industriels. Il faut
comprendre que ce sont les idées de Voltaire et des autres philosophes des
Lumières qui ont rendu l’esclavage intolérable, quand bien même, Voltaire ou
d’autres penseurs des Lumières ne trouvaient rien à redire à l’esclavage lui-même !
De la même façon, la plupart des philosophes n’envisageaient
pas du tout le Révolution française, voire en étaient horrifiés !
Pourtant, ce sont leurs idées qui ont permis d’essaimer cette Révolution dans
le cœur des Français. De même, demander à Voltaire ou à des penseurs humanistes
du XIXème ou du XXème de développer cette notion d’égalité de considérations à
l’égard des animaux, c’est aller trop vite en besogne. C’est mettre la charrue
avant les bœufs (pour employer une expression spéciste).
On trouve bien des réflexions favorables aux animaux chez
Voltaire. Ainsi, l’article « bête » dans le « Dictionnaire philosophique » :
« Quelle pitié, quelle pauvreté,
d'avoir dit que les bêtes sont des machines, privées de connaissance et de
sentiment, qui font toujours leurs opérations de la même manière, qui
n'apprennent rien, ne perfectionnent rien, etc. ! Quoi ! cet oiseau qui fait son nid en
demi-cercle quand il l'attache à un mur, qui le bâtit en quart de cercle quand
il est dans un angle, et en cercle sur arbre ; cet oiseau fait tout de la
même façon ? Ce chien de chasse que tu as discipliné pendant trois mois,
n'en sait-il pas plus au bout de ce temps, qu'il en savait avant les
leçons ? Le serin à qui tu apprends un air, le répète-t-il dans
l'instant ? N'emploies-tu pas un temps considérable à l'enseigner ?
N’as-tu pas vu qu'il se méprend et qu'il se corrige ? [4]» Mais
il ne faut pas s’attendre à y trouver un véritable antispécisme chez lui, même
si on peut en trouver des prémisses que Peter Singer ne renierait pas :
« Quel est le chien de chasse,
l’orang-outang, l’éléphant bien organisé qui
n'est pas supérieur à nos imbéciles que nous renfermons, à nos vieux
gourmands frappés d'apoplexie, traînant les restes d’une inutile vie dans
l'abrutissement d'une végétation interrompue, sans mémoire, sans idées,
languissant entre quelques sensations et le néant ? Quel est l’animal qui ne
soit pas cent fois au-dessus de nos enfants nouveau-nés ? [5]»
On trouve aussi chez Voltaire une apologie du végétarisme,
même s’il me semble peu probable que Voltaire ait été lui-même strictement
végétarien, la question reste débattue[6] :
« Il ne leur manque que la
parole ; s’ils l’avaient, oserions-nous les tuer et les manger ?
oserions-nous commettre ces fratricides ? Quel est le barbare qui pourrait
faire rôtir un agneau, si cet agneau nous conjurait par un discours
attendrissant de n’être point à la fois assassin et anthropophage[7] ».
Et encore : « Il n’est que trop certain que ce carnage dégoûtant, étalé sans cesse
dans nos boucheries et dans nos cuisines, ne nous paraît pas un mal, au
contraire, nous regardons cette horreur, souvent pestilentielle, comme une
bénédiction du Seigneur et nous avons encore des prières dans lesquelles on le
remercie de ces meurtres. Qu’y a-t-il pourtant de plus abominable que de se
nourrir continuellement de cadavres ? [8] ».
Pour
en revenir à notre sujet, que les humanistes n’aient pas toujours été des
modèles d’égalitarisme dans leur discours ou dans leur acte, que ce soient à
l’égard des autres êtres humains ou des animaux ne doit pas nous inciter à
rejeter en bloc l’humanisme. On trouvera chez les philosophes humanistes au
sens large des propos qui vont dans le sens de l’inégalité qui feront bondir David
Olivier et tout honnête homme et des propos qui vont dans le sens de l’égalité.
Et parfois on trouvera chez un même philosophe des propos qui vont dans le sens
de l’égalité comme de l’inégalité. Voltaire en est le parfait exemple. L’humanisme
a évolué, l’esprit des Lumières a évolué. Et il me paraît plus profitable de
créer une dynamique positive à partir de l’humanisme que de le rejeter et de
créer un nouveau cadre incertain et qui n’offre aucune garantie d’être
meilleur, voire qui a beaucoup de chances d’être bien pire que le cadre
humaniste
Bai Wenshu, 5 janvier 2014
白文殊
[1] Voir mon article « L’animalisme est-il un humanisme ? » :
http://lerefletdelalune.blogspot.be/2013/10/lanimalisme-est-ilun-humanisme-critique.html
[2] Idem.
[3] Sur ce sujet lire les pages terribles du
livre de Charles Patterson, « Éternel
Treblinka » (éd. Calmann-Lévy, Paris, 2008).
[4] Voltaire, « Bêtes », Dictionnaire
philosophique, Classiques Garnier, 2008, p.51-53.
[5] Voltaire, « Les Adorateurs », éd. Louis Moland, t. 28, p.319, cité dans
Renan Larue, « Voltaire et le problème de la souffrance
animale ». http://ecole-thema.ens-lyon.fr/IMG/pdf/Article_Larue-2.pdf
[6] Renan Larue, « Le végétarisme dans l’œuvre de Voltaire (1762-1778)
», Dix-huitième siècle 1/2010 (n° 42), p. 19-34, http://www.cairn.info/revue-dix-huitieme-siecle-2010-1-page-19.htm#no1, ou pour une version plus
complète : http://bibliodroitsanimaux.voila.net/Renan-Larue-Le-vegetarisme-dans-l-oeuvre-de-Voltaire.pdf
[7] Voltaire, article « Viande »
des Questions sur l’Encyclopédie,
édition Louis Moland, t. 20, p. 577.
[8] Voltaire, « Il
faut prendre un parti », Œuvres complètes de Voltaire, édition Th. Besterman, t. 7 4B, p. 38).
La première partie de cet article "Humanisme et égalité" se trouve ici.
Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la libération animale ici.
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