Les autres forment l’Homme ; je le récite
et en représente un particulier bien mal formé, et lequel, si j’avais à façonner
de nouveau, je ferais vraiment bien autre qu’il n’est. Méshui, c’est fait. Or
mes traits de ma peinture ne fourvoient point, quoiqu’ils se changent et
diversifient. Le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes choses y branlent
sans cesse : la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Égypte, et
du branle public et du leur. La constance même n’est autre chose qu’un branle
plus languissant. Je ne puis assurer mon objet. Il va trouble et chancelant, d’une
ivresse naturelle. Je le prends en ce point, comme il est, en l’instant que je
m’amuse à lui. Je ne peins pas l’être, je peins le passage.
Michel de Montaigne, Les Essais, livre III, chap. 2: « Du repentir ».
D'autres citations de Michel de Montaigne:
- l'inutile dans la Nature- L'animalisme est-il un humanisme ?
- Blaise Pascal, Epictète, Montaigne et la question du stoïcisme au XVIIe siècle.
- Les animaux aussi intelligents que les hommes, voire plus intelligents qu'eux ?
Homeless man, de Lee Jeffries |
Autres citations sur l'impermanence et la mort :
- nonchalant de la mort comme de son jardin
- l'homme, l’Éternité et son passage dans le temps
- tels les oiseaux qui s'assemblent
- l'envers et l'endroit d'une feuille
- Des montagnes et des plaines
- Fleur des montagnes
- Calvin philosophe- l'envers et l'endroit d'une feuille
- Des montagnes et des plaines
- Fleur des montagnes
Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.
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