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dimanche 22 octobre 2017

Le poids d'un végane






Bonjour tout le monde,


    Aujourd'hui, une petite réflexion autour d'un tweet de Gurren Vegan, youtubeur bien connu dans la véganosphère. Si, d'ailleurs, vous ne connaissez pas sa chaîne YouTube, je vous recommande chaudement d'y jeter un œil. Dans ce tweet en question, daté du 20 ocotobre 2017, Gurren Vegan exprimait son ras-le-bol devant les attaques envers son physique : « Marre de me faire valider mon physique sur Youtube » et il y joignait une capture d'écran d'un commentaire d'une de ses vidéos :









(NB : on ne fera pas de commentaires sur les fautes d'orthographe!)


    Tous les véganes auraient donc selon ce monsieur un « visage émacié » (sic!). Il est vrai que Gurren Vegan est plutôt mince et élancé. Il faut savoir qu'il est un sportif accompli, coureur, randonneur et coureur cycliste. Je ne pense pas qu'on puisse dire que son profil athlétique corresponde à la description d'un « visage émacié » même caché sous une barbe, mais le problème est qu'on peut facilement trouver des contre-exemples encore plus évidents : moi pour commencer ! Ma balance m'indique que je pèse 106 kg. Je ne crois pas qu'on puisse dire sérieusement de moi que mes joues sont creusées d'être trop famélique ou que je donne l'impression de sortir d'un goulag russe. Pourtant, l'image habituelle des véganes est une image de gens maigres, voire décharnés.


        Mais pourquoi ce cliché persistant ? Deux raisons à cela : l'idée fausse d'abord que le véganisme est néfaste à la santé. Le végane manquerait de protéines, ne mangeant que de la salade et des carottes. Le véganisme conduirait à toutes sortes de carences graves : protéines, fer, calcium, etc... J'avais combattu ce genre de stéréotypes stupides dans mon article « Véganisme et nutrition ». Je ne reviendrai donc pas sur ce thème en détail. Ce serait trop long et fastidieux. Allez voir l'article (ou consultez les liens vers des interviews du médecin nutritionniste Jérôme Bernad-Pellet, spécialiste de l'alimentation végétalienne, et des pages d'informations spécialisées sur internet que je mes en bas de ce présent article). Je me contenterai ici de dire qu'il est parfaitement possible de manger équilibré en étant végane. Non seulement ça, mais il est également possible de prendre du poids, voire beaucoup de poids. Je suis là pour le prouver ! Il fut une époque où je n'étais pas plus gros que Gurren Vegan, mais maintenant, j'ai dépassé les 100 kilos à la balance. J'ajouterai aussi que, contrairement à une idée reçue bien établie, un végane ne mange pas seulement des fruits et des légumes. Un végane mange également des légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots secs... très riches en protéines), des oléagineux ainsi que de céréales et d'algues. Une alimentation végane peut être une alimentation riche dans laquelle on ne manque de rien, contrairement à ce cliché du végane carencé !


       Seconde raison de ce cliché : on imagine volontiers le végane comme un ascète se privant pour vivre dans le chemin de la sainteté. Le végane rechercherait une pureté morale dans l'abstinence et les mortifications. Ce végane en odeur de sainteté ne peut qu'être maigre puisqu'ayant renoncé à tout ce qui fait la vie ! Je pense qu'il faut remettre les pendules à l'heure avec ce genre de conceptions. S'il y a bien un geste éthique dans le passage vers le véganisme (j'hésite à employer le mot « conversion »), celui de refuser une exploitation animale odieuse, le végane n'est pas nécessairement quelqu'un qui se prive et vit dans l'abstinence. Personnellement, j'aime manger et je ne vois pas pourquoi je devrais me priver. Certes, je ne mange rien d'animal, mais je n'ai pas l'impression de me priver. Je n'ai pas du tout la nostalgie du rôti de porc et la viande saignante. Pour moi, la mortification, c'est justement de se sentir obligé d'avaler du cadavre.





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          Donc, un végane n'a pas nécessairement le physique d'un pauvre hère famélique ou d'un ascète austère avec la peau sur les os. Il y a quelque chose d'extrêmement désagréable de se servir du physique des gens pour combattre avec des arguments douteux leurs idées et leur régime alimentaire pourtant juste sur un plan moral et aussi apportant de nombreux bienfaits pour la santé. Notez bien que l'inverse est aussi vrai : mon père, une fois, a critiqué mon véganisme comme étant la cause de mon surpoids ! On ne dénoncera jamais assez le tofu comme facteur d'obésité ! Si vous êtes trop maigre, c'est du fait de votre véganisme, si vous êtes trop gros, c'est du fait du véganisme ! C'est bien commode pour attaquer un régime végane quand on est à court d'arguments ! Tant pis d'ailleurs si on n'est pas à une contradiction près !


        Il faut noter que les véganes eux-mêmes ne sont pas au-dessus de tout soupçon dans cette histoire, puisque l'organisation américaine végane PETA fait souvent la promotion du véganisme avec cet argument de la minceur : mangez végane et vous perdrez du poids. Ils emploient régulièrement des arguments parfaitement lamentables et discriminatoires à l'égard des personnes en surpoids ou obèse, comme cette affiche odieuse « Save the whales » (Sauvez les baleines).





"Sauvez les baleines.
Perdez du gras en devenant végétarien"



         Ce faisant, PETA alimente ce mythe du végane décharné et ascétique tout en usant d'une rhétorique grossophobe qui stigmatise et humilie toute une catégorie de personnes humaines du fait de leur poids jugé excessif par une société au canon strict et au conformisme haineux. Honte à eux.


      Maintenant, y a-t-il une vérité dans ce cliché de la minceur du végane ? Oui, en fait, on constate dans les différentes études qu'en moyenne, les véganes ont un indice de masse corporelle plus faible que l'ensemble de la population non-végane. Le mot important est ici « en moyenne ». Les véganes ne sont pas tous maigres et ne sont pas tous des modèles de minceur. Certains sont maigres, d'autres non, mais EN MOYENNE, les véganes sont un peu moins gros que les mangeurs invétérés de bidoche, la viande, les œufs et le fromage étant des nourritures extrêmement caloriques et pleines de graisses. Manger végane ne vous garantira pourtant pas contre l'obésité ou le surpoids, mais cela peut être un léger plus pour garder la ligne. Un végane qui ne boirait que du coca-cola et ne mangerait que des frites (cuits dans de l'huile végétale) et chips (sans lactose ajouté) risquerait de voir son poids s'envoler très rapidement. Un régime fritivore ou chipsivore serait tout à fait végane , mais pas excellent pour la santé ! En fait, à ne pas recommander du tout !




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        En conclusion, je voudrais dénoncer cette société qui impose un canon strict et intolérant sur chaque individu. Untel est trop maigre, unetelle est trop grosse. Il s'agit de culpabiliser les gens sur leur physique, exigeant de nous un idéal impossible à atteindre. La société nous isole les uns des autres avec ces constantes récriminations sur le physique, ces moqueries, ces jugements, ce mépris. On ne peut pas être comme on est. On doit toujours être en mesure de plaire. À qui ? On ne sait pas. Mais l'essentiel est qu'on se sente coupable ou honteux du corps qu'on a. Et qu'on se sente isolé et malheureux dans notre coin. Est-il naïf de lancer un appel à plus de tolérance, de respect et de bienveillance envers le corps des autres ?



        Et concernant le véganisme, l'essentiel n'est pas notre corps, trop maigre ou trop enveloppé, trop vieux ou pas assez athlétique, mais le corps des animaux, constamment menacé, constamment torturé par l'exploitation animale. Ce sont eux qu'on devrait avoir à l'esprit quand on devient végane. C'est à l'argument du bien-être des animaux qu'il faut accorder du poids. 















Patrik Baboumian,
haltérophile, champion de strongman et homme de poids dans la cause animale
 (127 kg pour 1m71, 215 kg au développé couché, 360 kg au soulevé de terre)







        Ne manquez d'aller sur le site "Vegan Pratique" de L214 pour toutes sortes d'informations sur la nutrition végane. 





Jérôme Bernard-Pellet (spécialiste du végétarisme et du véganisme)


Le mythe des protéines animales




Bébé végane





Question des carences




Vitamine D




Dangers supposés du soja



Bienfaits d'une alimentation végane




Mode de vie végane : destruction des mythes et des préjugés











Patrik Baboumian






Voir aussi : 















Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la libération animale ici.



Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour du végétarisme et du véganisme ici



Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.




1 commentaire:

  1. Je me permets d'ajouter qu'il y a de nombreuses études scientifiques qui montrent que la sobriété en matière de nourriture augmente l'espérance de vie (en bonne santé) et que ce n'est pas nouveau.

    "« J’avais soin de ne jamais satisfaire mon estomac jusqu’à la satiété, et je sortais de table encore capable de manger et de boire. […] La nourriture que l’on s’abstient de prendre quand on a bien mangé profite plus que celle qu’on a déjà prise […] La sobriété dans la nourriture et la boisson rend les sens et la compréhension claire, la mémoire robuste, le corps vivant, les mouvements aisés, et l’âme, ressentant si peu le fardeau terrestre, fait l’expérience d’une grande part de sa liberté naturelle. […] Parvenu à ma 95ème année, Dieu soit loué, je me trouve toujours en bonne santé et heureux, satisfait et empli de joie. Et je ne cesserai jamais d’élever la voix, vous suppliant, mes amis, de réaliser que votre vie peut être pareille à la mienne. »
    Luigi Cornaro. Discours sur la vie sobre, 1558.

    https://www.franceinter.fr/emissions/sur-les-epaules-de-darwin/sur-les-epaules-de-darwin-07-octobre-2017

    Surtout que les maux de ventre ont souvent une origine psychosomatique. Changer d'alimentation peut être perturbant pour l'organisme et avoir des répercussions d'ordre psychologiques qui à leurs tours peuvent générer les maux de ventre.

    Je trouve beaucoup plus dangereux pour la santé (mentale) de s'exposer dans des vidéos Youtube que de devenir végétarien. Je pense aux phénomènes d'addiction (au fait d'être populaire) qui peuvent avoir des répercussions sur la santé physique.

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