Un nomade de la raison
sur les chemins d’Élis à Taxila
10ème partie
10ème partie
La nature des choses
Premier
point : « Quelle est la nature des choses ? »
Selon Timon : « Les
choses, dit-il, il [Pyrrhon] les montre également in-différentes,
im-mesurables, in-décidables. C’est pourquoi ni nos sensations, ni
nos jugements, ne peuvent dire vrai, ni se tromper.
» C’est la fameuse épochè pyrrhonienne, la suspension du
jugement (Marcel Conche insiste que c’est plus d’abstention du
jugement qu’il conviendrait de parler dans le cas particulier de
Pyrrhon1).
Les choses sont in-différentes en ce sens que telle chose n’est ni plus importante, ni plus belle, ni plus attractives, ni plus désirables qu’une autre. En outre, on ne peut pas établir une délimitation stricte entre les apparences. Cette indifférence est donc ici une indifférence dans les choses elles-mêmes ; ce n’est pas l’indifférence au sens moral qui va venir dans le prochain paragraphe. Ces choses sont im-mesurables, dans le sens où on ne peut pas les mesurer les unes aux autres, les comparer ou les estimer. Et on peut encore moins les mesurer de manière absolue. Les choses sont in-décidables : on ne peut fonder aucun choix à leur égard.
La suspension du jugement consiste à renoncer à toute forme d’énoncé appréciatif concernant les objets de la perception ou de l’entendement. C’est l’abandon de l’habitude à tout cataloguer, à tout évaluer, à faire des distinctions. Cette suspension du jugement s’exprime par une formule emblématique : « ou mallon » que l’on peut traduire « pas plus ceci que cela » ou « pas davantage ceci que cela ». Diogène Laërce donne ici un résumé de ce qu’est le « ou mallon » dans la pensée de Pyrrhon : « Pyrrhon disait, en effet, que rien n’est beau ni laid, juste ni injuste ; et, pareillement, au sujet de toutes choses, que rien n’est en vérité, mais que c’est par coutume et par habitude que les hommes font tout ce qu’ils font ; en effet, selon lui, chaque chose n’est pas davantage ceci que cela2 ».
Les choses sont in-différentes en ce sens que telle chose n’est ni plus importante, ni plus belle, ni plus attractives, ni plus désirables qu’une autre. En outre, on ne peut pas établir une délimitation stricte entre les apparences. Cette indifférence est donc ici une indifférence dans les choses elles-mêmes ; ce n’est pas l’indifférence au sens moral qui va venir dans le prochain paragraphe. Ces choses sont im-mesurables, dans le sens où on ne peut pas les mesurer les unes aux autres, les comparer ou les estimer. Et on peut encore moins les mesurer de manière absolue. Les choses sont in-décidables : on ne peut fonder aucun choix à leur égard.
La suspension du jugement consiste à renoncer à toute forme d’énoncé appréciatif concernant les objets de la perception ou de l’entendement. C’est l’abandon de l’habitude à tout cataloguer, à tout évaluer, à faire des distinctions. Cette suspension du jugement s’exprime par une formule emblématique : « ou mallon » que l’on peut traduire « pas plus ceci que cela » ou « pas davantage ceci que cela ». Diogène Laërce donne ici un résumé de ce qu’est le « ou mallon » dans la pensée de Pyrrhon : « Pyrrhon disait, en effet, que rien n’est beau ni laid, juste ni injuste ; et, pareillement, au sujet de toutes choses, que rien n’est en vérité, mais que c’est par coutume et par habitude que les hommes font tout ce qu’ils font ; en effet, selon lui, chaque chose n’est pas davantage ceci que cela2 ».
La suspension du jugement fait que l’on regarde les objets, les choses, les événements, les rencontres, en les délestant de toute qualification. Il apparaît alors de façon d’autant plus claire et évidente que les appréciations pour tel ou tel phénomène ne sont rien d’autre que le résultat des conventions et de l’habitude. L’argent nous paraît être une chose très enviable parce que nous avons été éduqués et entraînés à croire que c’est une des choses les plus appréciables dans la vie. Et ce jugement conditionne fortement notre vie. Ce jugement trace une direction dans notre vie par la force des conventions et de la coutume. Evidemment, cela nous met dans une tension extrême pour répondre aux exigences qui sont la conséquence de nos jugements : si on juge l’argent comme très bon et désirable, on fera tout ce qui est en notre pouvoir et notre capacité pour s’en procurer le plus possible, ce qui implique énormément d’efforts et de compromissions, d’autant plus que le résultat n’est jamais certain et que des voleurs peuvent nous dérober ce précieux argent. Ce qui nous rendrait très malheureux.
Voilà pour la suspension du jugement dans son principe. Maintenant, il nous faut examiner un autre point important : jusqu’où va la suspension du jugement ? Victor Brochard qui fut un philosophe du XIXe siècle, contemporain et ami de Nietzsche3, a écrit un ouvrage majeur sur la mouvance sceptique durant l’Antiquité, « Les sceptiques grecs », que j’ai déjà cité à plusieurs reprises dans cet essai. L’ouvrage, outre ses qualités intrinsèques, est important parce qu’il a grandement contribué à réhabiliter les sceptiques qui étaient assimilés à de vils sophistes par Pierre Bayle ou les auteurs de l’Encyclopédie.
Victor Brochard dit ceci du sceptique : « Le vrai sceptique n’est pas celui qui doute de propos délibéré et qui réfléchit sur son doute ; ce n’est pas même celui qui ne croit à rien et affirme que rien n’est vrai, autre signification du mot qui a donné lieu à bien des équivoques : c’est celui qui de propos délibéré et pour des raisons générales doute de tout, excepté des phénomènes, et s’en tient au doute4 ». Et encore : « Il importe de remarquer que le doute sceptique ne porte pas sur les apparences ou phénomènes (φαινόμενα) qui sont évidents, mais uniquement sur les choses obscures ou cachées (άδελα)5 ».
Pour Brochard, est douteux ce qui est caché, au-delà de notre perception empirique des choses. Mais le phénomène lui est évident. Si je suis dans ma cuisine, le phénomène « table » est bien là, je ne peux pas nier l’existence de la table, pas plus que je ne peux nier la présence du four, du beurre, des tartines, du couteau. Il y a là un phénomène avec sa consistance et sa matérialité indéniable. Il faudrait que je sois devenu bien fou et extravagant si j’en venais à remettre en question la table et les couverts. Tout cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Ce qui fait problème, c’est ce qui est caché, inapparent, c’est la question de l’Être de la table. C’est de savoir si la table est une substance ou non, ou quelle sorte de substance, si elle est composé d’atomes insécables ou des éléments terre, eau, feu, air, si la table existe parce qu’il y a une Idée de table dans un monde transcendant et intelligible qui sert de modèle à ma table empirique dont je ne peux pas douter, ou si la table est dotée d’une Forme qui est son principe d’organisation et qui lui est immanent… A toutes ces questions, comme aux autres questions métaphysiques qui dépassent l’entendement de l’homme, le sceptique se refuse à trancher ou à apporter une réponse définitive. Le sceptique suspend son jugement sur toutes ces choses cachées.
Marcel Conche, dans « Pyrrhon ou l’apparence », conteste pourtant cette idée de Victor Brochard : « Le scepticisme ainsi défini, ou scepticisme « phénoméniste », est bien une réalité philosophique et historique. C’est celui de Sextus Empiricus. Mais ce n’est pas celui de Pyrrhon6 ». Cette division de la réalité en phénomène et en choses obscures et cachées est donc l’œuvre de Sextus. C’est une distinction commode, qui inspire un certain bon sens et qui semble raisonnable, mais elle a un sérieux désavantage : « Le phénomène manifeste quelque chose d’autre, il renvoie à un au-delà du phénomène, à un non-manifesté7 ». Le scepticisme phénoméniste suppose et suggère implicitement qu’il y a un au-delà du phénomène et qu’on est dans l’incapacité de connaître cet au-delà. Ce faisant, on fait largement le jeu du dogmatisme, puisqu’on concède d’une part une consistance au phénomène, donc de l’être, de l’existence, de la réalité au phénomène – autant de notions métaphysiques que l’on colle au phénomène alors qu’on prétendait se borner strictement au domaine de l’empirique ; et d’autre part, on concède aux dogmatiques cet au-delà du phénomène que ces derniers vont pouvoir remplir comme ils le veulent, alors que rien ne démontre le bien-fondé de cet au-delà. « Le phénomènisme ne met pas en question le postulat fondamental du dogmatisme, à savoir celui de la division de la réalité en deux zones : le clair et l’obscur, une zone de lumière, une zone d’ombre8 ».
Quand Pyrrhon montre les choses in-différentes (de la même manière qu’il les montre im-mesurables et in-décidables), cette non-différence dans la chose touche aussi le phénomène. Elle le rend flou et incertain. Cette suspension du jugement pyrrhonien qui prend la forme du « ou mallon », du « pas davantage ceci que cela », qui ne fait plus de distinctions et de différences, cette suspension du jugement dissout le phénomène et ne laisse que l’apparence. « Pyrrhon refuse l’alternative entre l’être et le non-être ; il découvre une forme du rien qui ne se pense pas par rapport à l’être : l’apparence 9».
Si je suis dans la cuisine, toutes sortes d’apparence se présentent à mes sens. Je n’ai pas à m’y opposer, je peux laisser ces apparences m’impressionner, mais je n’ai pas non plus à les cautionner, à les corroborer. Ce sont juste des apparences qui se manifestent, c’est tout. Par convention, j’utilise la table pour déposer les couverts et la nourriture. Par convention, je m’assieds sur la chaise. Et par convention, je mange la nourriture, et non pas la table. Mais cela même que je suis dans la cuisine à faire toutes ces choses, cela n’est pas certain, cela n’est qu’apparence.
Et on peut se contenter de ces apparences, pense Pyrrhon, on peut les laisser se propager dans l’expérience, apparaître et disparaître dans la sphère totale des apparences, sans porter de jugement, sans estimer ni évaluer ces apparences, ni les charger d’une substance ou d’une consistance réelle. « Il est aisé de comprendre pourquoi les Pyrrhoniens refusent l’opposition phénomène-noumène (celui-ci entendu comme fond transphénomènal du phénomène). Qu’est-ce que le phénomène ? L’apparence délimitée ? Or qui fixera la délimitation ? Jusqu’où dirons-nous que va l’incontestable, et où commence le douteux ? »
Voir le phénomène « table » implique qu’on délimite consciencieusement la table, qu’on coupe ce phénomène de table de son environnement, qu’on délimite la table, qu’on la définisse. C’est déjà faire beaucoup pour alimenter le dogmatisme. Pyrrhon laisse donc l’apparence en plan, comme si c’était la première fois que l’on voyait une table. Pyrrhon ne la différencie pas des autres phénomènes, comme il ne la différencie pas d’un rêve, d’un mirage ou d’un reflet.
Plusieurs
objections se lèvent alors dans le camp de ceux qui défendent un
scepticisme phénoméniste semblable à celui de Sextus Empiricus et
de Victor Brochard ; ainsi Jean-Paul Dumont qui s’inscrit
clairement dans ce phénoménisme fait remarquer dans le Scepticisme
et le Phénomène
que le mot grec pour phénomène est φαινόμενον
(phainomenon),
et que le mot pour apparence peut difficilement être autre chose que
φαινόμενον
aussi : « J’objecte,
en toute amitié du reste, à cette interprétation, la difficulté
pour un philosophe d’exprimer en grec la distinction entre
phénomène et apparence. Si le phénomène est bien ce que
Protagoras, Platon, Aristote ou Timon appellent φαινόμενον,
c’est-à-dire un produit mixte né de la rencontre de l’effluence
du sens avec celle du sensible, par quel terme grec désignerait-on
l’apparence ? Le mot de φαντασία (phantasia) paraît
impropre, parce qu’il a dans l’ensemble de la littérature
sceptique une connotation postérieurement stoïcienne10 ».
À cela, Marcel Conche répond dans la deuxième édition de « Pyrrhon ou l’Apparence » : « Où est la difficulté ? Le contexte décide du sens. Chez Sextus, le terme φαινόμενον désigne naturellement l’apparence, ou le « phénomène » (…), par opposition à la réalité considérée en elle-même mais, dans un contexte pyrrhonien, le même terme désigne l’apparence pure et universelle (et non limitée et relative) 11». Certes, phénomène et apparence sont désignés par phainomenon en grec, mais le contexte détermine simplement quelle acceptation on doit choisir pour traduire au mieux le terme : phénomène pour Sextus, apparence pour Pyrrhon.
À cela, Marcel Conche répond dans la deuxième édition de « Pyrrhon ou l’Apparence » : « Où est la difficulté ? Le contexte décide du sens. Chez Sextus, le terme φαινόμενον désigne naturellement l’apparence, ou le « phénomène » (…), par opposition à la réalité considérée en elle-même mais, dans un contexte pyrrhonien, le même terme désigne l’apparence pure et universelle (et non limitée et relative) 11». Certes, phénomène et apparence sont désignés par phainomenon en grec, mais le contexte détermine simplement quelle acceptation on doit choisir pour traduire au mieux le terme : phénomène pour Sextus, apparence pour Pyrrhon.
Autre objection de Jean-Paul Dumont, c’est celle que l’on retrouve dans le personnage de Marphurius du « Mariage forcé » de Molière. Marphurius est un médecin fort pompeux que Sganarelle vient consulter :
« SGANARELLE : Seigneur docteur, j’aurais besoin de votre conseil sur une petite affaire dont il s’agit, et je suis venu ici pour cela. (A part.) Ah ! Voilà qui va bien ; il écoute le monde, celui-ci
MARPHURIUS : Seigneur Sganarelle, changez, s’il vous plaît, cette façon de parler. Notre philosophie ordonne de ne point énoncer de proposition décisive ; de parler de tout avec incertitude ; de suspendre toujours son jugement ; et pour cette raison, vous ne devez pas dire : « je suis venu », mais : « il me semble que je suis venu ». (…)
SGANARELLE : Que me conseillez-vous de faire ?
MARPHURIUS : Ce qu’il vous plaira.
SGANARELLE : J’enrage.
MARPHURIUS : Je m’en lave les mains.
SGANARELLE : Au diable soit le vieux rêveur !
MARPHURIUS : Il en sera ce qui pourra.
SGANARELLE : La peste du bourreau ! Je te ferai changer de note, chien de philosophe enragé. (Il donne des coups de bâtons à Marphurius)
MARPHURIUS : Ah ! Ah ! Ah !
SGANARELLE : Te voilà payé de ton galimatias, et me voilà content.
MARPHURIUS : Comment ! Quelle insolence ! M’outrager de la sorte ! Avoir eu l’audace de battre un philosophe comme moi !
SGANARELLE : Corrigez, s’il vous plaît, cette manière de parler. Il faut douter de toutes choses, et vous ne devez pas dire que je vous ai battu, mais qu’il semble que je vous ai battu. 12»
Ne pas reconnaître les phénomènes aurait pour conséquence de nous mettre dans une situation délicate où les circonstances contraires nous obligeraient à reconnaître piteusement l’existence de ces phénomènes : qu’on reçoive des coups de bâton et l’on sera bien obligé d’admettre que ce ne sont pas là que des apparences. Les coups de bâton nous contraignent qu’il y a là quelque chose de bien de réel dans l’expérience.
Sextus Empiricus, pour cette raison, limite l’empire du doute, il réduit la portée de la suspension du jugement à ce qui est caché pour ne pas risquer d’être traité de fou ou d’extravagant n’ouvrant la bouche que pour prononcer que des galimatias. Jean-Paul Dumont insinue que : « Marphurius n’est pas très différent du philosophe des apparences pures de mon collègue et ami Marcel Conche13 ».
Je pense au contraire qu’ils sont très différents l’un de l’autre. Pyrrhon n’aurait pas eu la pédanterie de rectifier la phrase de son interlocuteur « je suis venu » en « il me semble que je suis venu ». Pourquoi ? Parce que si la venue d’une personne est effectivement une apparence, le fait de le dire est une convention : « je suis venu » signifie « mon apparence physique apparaît en ce lieu ». Et il n’y a pas lieu de s’opposer à la convention selon Pyrrhon. J’ai déjà cité Diogène Laërce à ce propos : « Pyrrhon disait, en effet, que rien n’est beau ni laid, juste ni injuste ; et, pareillement, au sujet de toutes choses, que rien n’est en vérité, mais que c’est par coutume et par habitude que les hommes font tout ce qu’ils font ; en effet, selon lui, chaque chose n’est pas davantage ceci que cela ».
Donc qu’on soit un sceptique ou non, cette convention de dire que l’on est venu ne pose aucun problème. Et si cette venue apparaît aux gens comme très réelle, il n’y a pas à les contester, même si on peut soi-même faire preuve d’une douce ironie face à ce sentiment de réalité. Copernic et Galilée ont cru que la Terre tournait autour du soleil, et non l’inverse, pourtant, comme tout le monde, le matin venu, Copernic et Galilée devait dire : « le soleil s’est levé » . Or si on est rigoriste, cette phrase traduit implicitement un évident géocentrisme ! Mais du point du vue des apparences, il n’est pas contradictoire de dire que « le soleil s’est levé », pas plus qu’il n’est contradictoire de dire « je suis venu ».
Quant à avoir mal quand quelqu’un vous assène des coups de bâton, quoi de plus naturel ? Une apparence de bâton vient heurter l’apparence de votre corps, et vous éprouvez une apparence de douleur. On pourrait penser qu’un champion de la suspension du jugement et de l’indifférence resterait impassible devant ces coups de bâton. En théorie, oui. En pratique, c’est beaucoup plus difficile. Pyrrhon lui-même s’est enfui à toutes jambes devant un chien méchant qui menaçait de le mordre et s’est réfugié en haut d’un arbre14 !
Quand on lui en fit le reproche, Pyrrhon répondait qu’il était très ardu de « dépouiller l’homme15 ». Pour Marcel Conche, ce geste a lui-même une portée pédagogique (« encore un tour de Pyrrhon éducateur ! »): le sceptique ne doit pas appliquer ses principes avec une rigidité toute dogmatique. « Si l’on est attaqué par un chien, il serait sot de rester apathique alors qu’on peut trouver refuge, fût-ce sur un arbre. C’est seulement lorsqu’il est allé jusqu’au bout de ce qu’il peut, a atteint la limite de sa puissance pratique, que l’homme, s’il est encore agité et troublé, doit remédier à son mal par la seule puissance de la pensée. Celle-ci, en lui faisant découvrir l’apparence universelle, l’insignifiance et l’inanité de toutes choses, lui donne, malgré son échec empirique, la sérénité, la paix. Est-ce à dire que cette démarche de la pensée doive intervenir que lorsqu’on a agi ? Au contraire, elle est toujours nécessaire, car l’action n’a d’effet que sur les causes externes – non internes – de gêne et de trouble16 ».
En
fait, je me demande dans quelle mesure le Marphurius
de Molière n’est pas plus un réquisitoire contre Sextus Empiricus
qu’à l’encontre de Pyrrhon. Marphurius est médecin comme
Sextus. Sextus est un auteur dense, touffu et particulièrement
exhaustif dans sa manière de présenter le scepticisme, si bien
qu’il a pu apparaître aux yeux acerbes (et peut-être aussi
injustes) de Molière comme un docte pédant professant d’un ton
hautain son galimatias.
En fait, ce que fait Sextus Empiricus, c’est qu’il commence par
admettre l’existence d’un phénomène au nom de l’évidence
sensible : « bien sûr, il y a là un phénomène ».
Et puis il suspend toute certitude sur les vérités cachées
derrière ce phénomène.
Or l’Être est la première vérité métaphysique à se cacher derrière le phénomène. Sextus se voit obligé de révoquer en doute l’Être du phénomène, ce qui revient à dire qu’il n’est pas certain que le phénomène existe même si on l’a constaté de manière évidente ! Un moment, le phénomène existe, l’instant d’après il n’existe peut-être plus. L’interlocuteur se trouve donc abruptement plongé dans la perplexité, comme si on lui retirait le tapis sous ses pieds ! Le voilà donc obligé de frapper Sextus/Marphurius à grand coup de bâton pour lui rappeler l’être du phénomène !
Or l’Être est la première vérité métaphysique à se cacher derrière le phénomène. Sextus se voit obligé de révoquer en doute l’Être du phénomène, ce qui revient à dire qu’il n’est pas certain que le phénomène existe même si on l’a constaté de manière évidente ! Un moment, le phénomène existe, l’instant d’après il n’existe peut-être plus. L’interlocuteur se trouve donc abruptement plongé dans la perplexité, comme si on lui retirait le tapis sous ses pieds ! Le voilà donc obligé de frapper Sextus/Marphurius à grand coup de bâton pour lui rappeler l’être du phénomène !
Il
y a une certaine souplesse et une douceur dans la pensée de Pyrrhon
qui fait que l’apparence ne heurte pas les conventions. Le doute
pyrrhonien n’est en rien un doute hyperbolique à la Descartes qui
ravagerait tout sur son passage. « Hyperbolique » veut
dire « excessif » ; et Pyrrhon, comme tous les
Grecs, se garde de l’excès comme de la démesure. Les sceptiques
étaient fort inspirés par les sentences gravées sur le fronton de
l’oracle de Delphes, qu’ils interprétaient comme des formules
sceptiques. Et notamment la devise : « Mêden Agan »
« Rien de trop »17.
C’est bien sûr une exhortation à la modération, mais compris par Pyrrhon et les sceptiques, cela veut dire : « n’ajoute rien de trop aux apparences » ou comme le dit Timon de Phlionte : « ne rien déterminer, mais s’abstenir de toute position additionnelle18 » (comme le poids que l’on ajoute en trop et qui déséquilibre une balance ou un bateau). Mais « Rien de trop » veut dire aussi : « ne cherche pas à pousser le doute trop loin ». L’expérience de la vie laisse suffisamment d’occasion de remettre en question les apparences sensibles et les opinions pour qu’il n’y ait pas besoin d’en rajouter toujours plus. Blaise Pascal disait : « Que fera donc l’homme en cet état ? Doutera-t-il de tout ? Doutera-t-il s’il doute ? Doutera-t-il s’il est ? On n’en peut venir là, et je mets en fait qu’il n’y a jamais eu de pyrrhonien effectif parfait. La nature soutient la raison impuissante et l’empêche d’extravaguer jusqu’à ce point19 ».
En fait, Pyrrhon, aussi extravaguant était-il, n’aurait jamais eu l’idée saugrenue de pousser son épochè de manière aussi absolue ; l’idée de pousser le pyrrhonisme jusque dans ses derniers retranchements est surtout une idée des modernes. Pyrrhon s’abstient de poser une limite à son doute, mais le jeu des apparences se manifeste naturellement avec une présence suffisamment forte pour ne pas envisager des doutes extrémistes.
C’est bien sûr une exhortation à la modération, mais compris par Pyrrhon et les sceptiques, cela veut dire : « n’ajoute rien de trop aux apparences » ou comme le dit Timon de Phlionte : « ne rien déterminer, mais s’abstenir de toute position additionnelle18 » (comme le poids que l’on ajoute en trop et qui déséquilibre une balance ou un bateau). Mais « Rien de trop » veut dire aussi : « ne cherche pas à pousser le doute trop loin ». L’expérience de la vie laisse suffisamment d’occasion de remettre en question les apparences sensibles et les opinions pour qu’il n’y ait pas besoin d’en rajouter toujours plus. Blaise Pascal disait : « Que fera donc l’homme en cet état ? Doutera-t-il de tout ? Doutera-t-il s’il doute ? Doutera-t-il s’il est ? On n’en peut venir là, et je mets en fait qu’il n’y a jamais eu de pyrrhonien effectif parfait. La nature soutient la raison impuissante et l’empêche d’extravaguer jusqu’à ce point19 ».
En fait, Pyrrhon, aussi extravaguant était-il, n’aurait jamais eu l’idée saugrenue de pousser son épochè de manière aussi absolue ; l’idée de pousser le pyrrhonisme jusque dans ses derniers retranchements est surtout une idée des modernes. Pyrrhon s’abstient de poser une limite à son doute, mais le jeu des apparences se manifeste naturellement avec une présence suffisamment forte pour ne pas envisager des doutes extrémistes.
Il me semble aussi que ce qui fait la différence entre Sextus et Pyrrhon, c’est l’expérience indienne de Pyrrhon. Pour pouvoir maintenir une conscience aiguë des apparences qui ne renvoient pas à un au-delà, à un non-manifesté, qui ne renvoient en fait qu’à elle-même ou à la sphère plus large de la totalité des apparences, qui n’est elle-même qu’une apparence globale, Pyrrhon a du passer par des techniques contemplatives comme le yoga ou la méditation bouddhique dans ses deux aspects, shamatha et vipashyana (quiétude et vision pénétrante), ou pour le moins, il a du s’inspirer de celles-ci. J’en veux pour preuve ce passage où Diogène Laërce nous dit : « Pyrrhon faisait retraite, et vivait en solitaire, se montrant rarement à ses proches. Il agissait ainsi pour avoir entendu un Indien faire des reproches à Anaxarque, en lui disant qu’il ne saurait enseigner à un autre comment être un homme de bien, puisqu’il fréquentait la cour des rois. Il restait toujours dans le même état, au point que, si quelqu’un le quittait au beau milieu d’un discours, il achevait ce discours pour lui-même ; alors qu’il avait été agité et très sensible durant sa jeunesse20 ».
Pour voir les apparences de la vie comme des apparences et maintenir cette vision, il faut calmer le flux du mental et s’être entraîné à regarder autrement les phénomènes, à les dépouiller de leurs déguisements ontologiques. Il faut aussi fuir les agitations mondaines qui font des conventions sociales tout un monde d’enjeux et de convoitises. Alors qu’il aurait pu se coiffer des lauriers de vétéran des armées d’Alexandre et mener une carrière triomphale à Athènes ou ailleurs, Pyrrhon préférait vivre en solitaire, retiré dans la contemplation de la nature, tout comme les yogin se retirent au pied d’un arbre dans une clairière ou sur une colline écartée des bourgs ou des villages.
« Le pratiquant se rend dans la forêt ou au pied d’un arbre, ou en tout autre endroit isolé, et il s’asseoit de manière stable dans la position du lotus, tenant son corps très droit. En inspirant, il sait qu’il inspire. En expirant, il sait qu’il expire21 ». Ou encore Shāntideva :
« Quand
vivrais-je dans les forêts,
Parmi les animaux sauvages, les
oiseaux et les arbres,
Qui ne disent rien de déplaisant
Et dont la fréquentation est
agréable ?
Demeurant dans une grotte, un temple
désert,
Au pied d’un arbre,
Quand, sans regarder derrière moi,
Serai-je
détaché ?22 »
Le projet de Pyrrhon était de « dépouiller complètement l’homme », projet difficile selon les dire de Pyrrhon lui-même après qu’il ait du se réfugier en haut d’un arbre pour échapper aux crocs d’un chien enragé. Comment ne pas rattacher ce projet de dépouillement de l’homme à l’attitude des gymnosophistes qui vivaient dans la nudité, dépouillés des artifices de la société et qui cherchaient à se délivrer également de leurs peurs et de leurs illusions ? Comment à l’inverse ne pas rattacher les philosophes indiens au Pyrrhon que décrit Marcel Conche, ce Pyrrhon des apparences pures et universelles, ce Pyrrhon qui arpente avec ironie les mêmes chemins silencieux que le Bouddha ?
Ainsi, Patrick Carré, traducteur de textes bouddhiques chinois et tibétains, s’enthousiasme pour ce qu’il appelle le Pyrrhon-de-Conche : dans « Nostalgie de la vacuité. D’Elis à Taxila », il rapproche l’expérience pyrrhonienne de la sphère des apparences à la méditation de la vacuité dans le bouddhisme du Grand Véhicule, le Zen et le tantrisme indo-tibétain23. Il est vrai que les liens sont frappants : ainsi les deux frères, Asanga et Vasubandhu, furent les fondateurs de l’école Cittamâtra (l’Esprit Seulement) encore appelée Yogâchâra. Selon eux, l’esprit crée le monde à travers les émotions. Pour reprendre le cas de figure évoqué dans la dispute de Marphurius et Sganarelle dans la pièce de Molière, recevoir des coups de bâton produit de la douleur, et donc un profond sentiment de peur ou de colère. Et c’est cela, cette peur ou cette colère qui rend la situation très réelle, à tel point que Marphurius en oublie sa suspension du jugement !
Un autre philosophe important du Grand Véhicule fut Nâgârjuna, le fondateur de l’école du Milieu (mâdhyamika). Nâgârjuna réfute l’être : rien dans l’univers n’a d’existence ultime, aucun objet, aucune chose. Pourtant, le monde ne se résume pas à un néant, un non-être : notre expérience du monde nous fait prendre conscience de toute sorte d’apparences. Et ces apparences ne se manifestent pas au hasard : elles se produisent selon une loi de causalité que l’on appelle la « production interdépendante » (pratitya samudpada). L’école de Nâgârjuna est donc dite « du milieu » parce qu’elle se situe entre l’être et le non-être. Les phénomènes sont vides : l’extrême de l’être est invalidé. Vides, ils manifestent pourtant une apparence : l’extrême du non-être est également invalidé.
« Nous
appelons vacuité
Ce qui apparaît en interdépendance.
Cela est une désignation
interdépendante.
C’est la voie du milieu.
Puisqu’il n’existe aucun
phénomène
Qui ne soit une production
interdépendante,
Il n’existe aucun phénomène
Qui
ne soit vide.24 »
Mais cette voie du Milieu s’avère elle-même vide d’une existence propre : rien qu’une apparence ! La doctrine prônée et enseignée par le Bouddha se trouve ainsi privée de réalité intrinsèque :
« Dans
l’apaisement de tous les objets d’observation,
La pacification de la pensée
discursive,
Les Bouddhas n’ont enseigné
aucune doctrine,
Les réalités sacrées se dissolvent
dans l’apparence au même titre que les réalités banales. Le
nirvâna s’avère aussi illusoire que le monde illusoire. La
radicalité de Nâgârjuna n’épargne rien. Tout se résorbe en
vacuité. Mais la vacuité elle-même est vide. Ce n’est pas une
vue philosophique à laquelle il convient de s’attacher. Que du
contraire ! Il ne faut pas même s’accrocher à la vue de la
vacuité.
« Les
Bouddhas ont déclaré que la vacuité
Est l’extirpation de toutes les
vues.
Et ils ont déclaré incurables
Ceux
qui font de la vacuité une vue.26 »
Le but de Nâgârjuna est de dépouiller notre perception des choses de toutes vues philosophiques, de toutes conceptions intellectuelles, de toutes croyances populaires qui attribuent à ces choses de l’être ou du non-être, de l’existence ou de l’inexistence. Comme Pyrrhon, Nâgârjuna veut dépouiller l’homme des jugements et des appréciations que son mental ne cesse de produire et qu’il prend pour la réalité, ce qui provoque selon lui tensions et insatisfactions.
L’apaisement de cette pensée discursive implique la félicité27 comme l’aphasie selon Pyrrhon implique l’ataraxie, l’absence de troubles. Et cet apaisement de la pensée discursive passe par l’abandon des vues doctrinales, y compris par l’abandon de la vacuité. Il faut avoir le courage de ne s’appuyer sur aucune thèse philosophique :
« Si
j’avançais une quelconque thèse,
Je serais en défaut.
Or je n’en ai pas,
Je
suis donc sans faute28 ».
Dans le Soutra de Dîghanakha que l’on a vu plus haut et qui est un texte du bouddhisme ancien (du « petit véhicule » diront les adeptes du Grand, mais le terme est fort péjoratif), on partait du doute sceptique pour aller vers une certitude intime. On voit ici que le bouddhisme du Grand Véhicule, dont Nâgârjuna est un des ténors, s’apparente fort à un retour à un certain scepticisme.
Mais
revenons-en à Pyrrhon et à sa suspension du jugement ou plutôt son
abstention du jugement, puisque Pyrrhon s’exerce à voir les choses
comme in-différentes, im-mesurables et in-décidables en toute
occasion. « La
disposition fondamentale de Pyrrhon est le non-jugement, en ce sens
que la sphère du jugement est abandonnée de manière totale et
définitive comme lieu de la vérité29 ».
Ce serait plutôt Sextus Empiricus qui suspend son jugement à
certains moments donnés quand il réfléchit à ce qui est caché
derrière les phénomènes ou qu’il réfléchit à des problèmes
métaphysiques comme l’existence de Dieu ou des dieux, si le monde
est éternel ou pas, et ainsi de suite… Sextus reprend son jugement
comme tout le monde dans les situations de la vie courante. Pyrrhon,
non. Pour Pyrrhon, l’apparence abolit le jugement. Comme le dit son
disciple Timon : « L’apparence,
où qu’elle se présente, règne en toutes choses30 ».
1
Marcel
Conche, op.
cit.,
chap. IX, p. 104.
2
Diogène
Laërce, ibid.,
IX, 61.
3
Nietzsche
dit à propos de Brochard : « Il
faut que je me reporte à six mois en arrière pour me surprendre un
livre à la main. Qu’était-ce donc ? Une excellente étude
de Victor Brochard, les « Sceptiques Grecs », dans
lesquels mes Laertiana ont été avantageusement utilisés. Les
Sceptiques sont le seul type honorable parmi la gent philosophique
si ambiguë et même à quintuple sens »
(« Ecce
Homo »,
« Pourquoi je suis si malin »,3 cité dans Jean Grenier
et Geneviève Goron, « Œuvres
choisies de Sextus Empiricus »,
Aubier, Paris, 1948).
4
Victor Brochard, op.
cit.,
intro, chap. I, p. 16.
5
Victor Brochard, op.
cit.,
livre I, chap. III, p. 70.
6
Marcel
Conche, « Pyrrhon
ou l’apparence »,
op. cit., intro, p. 7.
7
Marcel
Conche, ibid.,
chap. VIII, p. 98.
8
Marcel
Conche, ibid.,
chap. XI, p. 153.
9
Marcel
Conche, ibid.,
chap. VI, p. 81.
10
Jean-Paul
DUMONT, « Le
scepticisme et le phénomène »,
Vrin, 1985, préface à la deuxième édition, p. III.
11
Marcel
Conche, op.
cit.,
chap. VIII, p. 100.
12
Molière,
« Le
mariage forcé »,
scène V, cité dans Patrick CARRÉ, « Nostalgie
de la vacuité. D’Elis à Taxila »,
Pauvert, Paris, 1999, pp. 57-58. Ce genre de parodie existait déjà
dans l’Antiquité. Lucien, par exemple, un auteur du second siècle
de notre ère, avait imaginé la scène où les philosophes, dont
Pyrrhon, étaient vendus en esclave. Pyrrhon répond
systématiquement par des formules sceptiques à toutes les
questions de l’acheteur. Finalement, l’acheteur acquiert
Pyrrhon, mais ce dernier suspend son jugement sur cette affaire,
n’étant pas sûr que l’autre un maître et lui un esclave. Et
l’acheteur lui :
« Et
moi je vais à l’instant te jeter au moulin pour te convaincre
pour te convaincre que je suis ton maître par le pire
raisonnement. »
Pyrrhon
lui répond : « Suspends ton jugement là-dessus ».
(cité
dans : Jean Grenier et Geneviève Goron, « Œuvres
choisies de Sextus Empiricus »,
op. cit., intro., p. 47-49).
13
Jean-Paul
Dumont, op.
cit.,
préface, p. V.
14
Diogène
Laërce, op.
cit.,
IX, 66.
15
Diogène
Laërce, idem.
Diogène ajoute : « Il
faut affronter les vicissitudes d’abord par les actes dans toute
la mesure du possible, et à défaut, par la parole ».
16
Marcel
Conche, ibid.,
chap. X.2, pp. 139-140.
17
Diogène
Laërce, op.
cit.,
IX, 71.
18
Diogène
Laërce, ibid.,
IX, 76.
19
Blaise
Pascal, « Pensées », éd. Sellier : fragment 164,
éd. Brunschvig : frag. 434, éd. Lafuma : frag. 131.
20
Diogène
Laërce, ibid.,
IX, 63.
21
Anapana
Sati Sutta
(Soutra de l’Attention au Va-et-Vient de la Respiration), Majjhima
Nikâya, 118. Traduction française dans : Thich Nhat Hanh,
« La
respiration essentielle »,
Albin Michel, Paris, 1996, pp. 13-24.
22
Shântideva,
« Vivre
en héros pour l’Éveil »
(Bodhisattvacharyâvatâra), traduction de Georges Driessens,
Seuil/Points Sagesses, Paris, 1993, VIII, 25-26, p. 100.
23
Patrick
Carré, « Nostalgie
de la vacuité. D’Elis à Taxila »,
Pauvert, Paris, 1999. « Nostalgie
de la Vacuité »
est « une méditation lyrique, suggestive et inspirées sur la
personnalité de Pyrrhon et le sens du pyrrhonisme » (selon
les mots de Marcel Conche, « Pyrrhon… »,
p. 307). Patrick Carré est aussi l’auteur de « Yavana »
(Phébus, Paris, 1991), biographie romancée de la vie de Pyrrhon.
24
Nâgârjuna,
« Traité
du Milieu »,
XXIV, 18 & 19, traduction de Georges Driessens, Seuil/Points
Sagesses, Paris, 1995, p. 226.
25
Nâgârjuna,
« Traité
du Milieu »,
XXV, 24, ibid., p. 243.
26
Nâgârjuna,
« Traité
du Milieu »,
XIII, 8, ibid., p. 129.
27
Nâgârjuna,
« Traité
du Milieu »,
strophe d’introduction et d’hommage au Bouddha, ibid., p. 25.
28
Nâgârjuna,
« Réfutations
aux objections »
(Vigrahavyârtanî),
29, cité par Philippe Cornu dans : « Dictionnaire
encyclopédique du bouddhisme »
(article « Vigrahavyârtanî »),
Seuil, Paris, 2006 (2e
éd.), p. 696.
29
Marcel Conche, op. cit.,
chap. IX, pp. 106-107.
30
Diogène
Laërce, op.
cit.,
IX, 105.
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Concernant Pyrrhon, voir également :
Concernant le doute et la suspension du jugement :
- Rien de certain (Pline l'Ancien chez Montaigne)
Voir également à propos des apparences :
- Une goutte d'eau (poème de Dôgen Zenji)
- Apparence et vacuité (Longchenpa)
- Ce qui, non-duel, est duellement perçu (Longchenpa)
- La trahison des image (Magritte)
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