Sur
la pointe d'une herbe
devant
l'infini du ciel
une
fourmi
Hōsai
Ozaki (尾崎
放哉)
J'aime
ce haiku de Hōsai Ozaki (1885 -
1926). Quand une fourmi fait l'effort de se hisser en haut d'un brin
d'herbe, cette fourmi, aussi petite soit-elle, a accès à l'infini
au-dessus de sa tête. Tout comme nous. Pour nous, une fourmi est
insignifiante. Mais du point de vue de l'immensité de l'univers, que
nous sommes-nous ? Rien que dans la galaxie de la Voie Lactée,
il y a quelque chose comme 200 milliards d'étoiles comme notre
Soleil. Certaines de ces étoiles sont bien plus grosses que notre
petit Soleil dont le diamètre est pourtant de 1 million et 319 mille
kilomètres. Et la Voie Lactée est elle-même n'est qu'une galaxie
parmi 100 ou 200 milliards d'autres ? Comme sommes-nous dans
l'immensité de l'univers. Giordano Bruno disait déjà à la fin du
XVème siècle :
« L'homme n'est
qu'une fourmi en présence de l'infini ».
Bruno avait émis l'idée d'un infini de l'univers. D'innombrables
soleils autour desquelles tournaient encore plus de planètes et de
comètes. Idée audacieuse. Ce grand bond dans l'immensité n'avait
pourtant pas plu à l'époque ; et Giordano Bruno avait terminé
sa vie sur un bûcher à Rome en l'an 1600. Aujourd'hui, ses idées
ont triomphé : on sait que notre système solaire n'est pas une
sphère close sur elle-même avec des petites étoiles en toile de
fond. Mais chacune de ces étoiles est un autre Soleil dont la clarté
nous parvient après un long périple dans les immensités vides de
l'espace.
Homme,
fourmi, nous sommes logés à la même enseigne. Minuscules, nous
sommes. Et insignifiants, nous sommes ! Pourtant, il s'agit
d'ouvrir les yeux sur la voûte céleste pour contempler l'infini. Et
c'est comme si l'infini se donnait à nous. Aussi petits que l'on
puisse être, cet infini ne nous est pas étranger. Il est devant
nous, au-dessus de nous, mais en même temps en nous. Nous ne sommes
pas une entité séparée du reste de l'univers. Souvent, on
l'oublie. Comme la fourmi qui a fort à faire et qui doit retourner
dans sa fourmilière, on a d'autres préoccupations, d'autres sujets
qui nous occupent notre esprit. Mais dans le silence de la
méditation, on peut renouer avec ce sentiment d'infini. Légère
ivresse de l'existence.
Vyacheslav Mishchenko |
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Vyacheslav Mishchenko |
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