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lundi 23 avril 2018

Où méditer ?





Où méditer ?




      Où peut-on méditer ? Quel est le meilleur endroit ou en tous cas le plus adéquat pour accomplir la méditation ? Je vais essayer de passer en revue les endroits où pratiquer la méditation dans cet article.



     Pour commencer, à la question « où méditer ? », j'aurais envie de réponde : n'importe où. Au moins en principe, on peut pratiquer la méditation dans n'importe quel endroit, à n'importe quel moment, dans n'importe quel situation, quel que soit l'acte que l'on est en train d'accomplir. Même dans des endroits complètement incongrus comme un hall de gare, un marché, à la piscine, au cinéma, dans une boîte de nuit et sa musique assourdissante, à l'usine, on se peut se mettre dans un état méditatif et développer la pleine conscience. La réalité absolue qui se cache derrière les apparences est toujours là présente ; on peut donc toujours en prendre conscience. Il n'y a donc pas de lieux propres à la méditation et de lieux impropres à la méditation.


       Ceci étant dit, si, en principe, aucun lieu n'est à exclure du champ de la méditation, il y a pourtant des lieux où il est plus aisé de commencer la méditation, des lieux qui sont plus propices, plus commodes ; et ces lieux sont naturellement les lieux calmes, sans trop d'agitation, sans trop de vacarmes, sans trop de sources de distraction. Cela peut être une pièce isolée chez soi, un lieu calme dans la forêt ou à la campagne, etc... 


    Attention, les notions de calme et de tranquillité sont relatives. Je me souviens avoir parlé dans un centre bouddhiste à des gens qui m'expliquaient qu'il était impossible de pratiquer la méditation quand on habite en ville parce qu'il y a les bruits de la rue, les voitures, les bus, les trams qui viennent perturber leur méditation. Aucun endroit n'est parfait à ce niveau : en ville, les engins de toutes sortes, à la campagne, les bruits du tracteur de la ferme voisine, le coq qui chante à toute heure et les chiens qui aboient... À Auroville en Inde, je sais qu'il y a un temple où aucun bruit ne vient déranger la quiétude du lieu. D'accord, mais même dans ce cas-là, vous allez être perturbé par les bruits de votre respiration, les raclements de votre gorge... Donc, quand je parle de calme, je parle d'un calme relatif. Il y aura bien sûr des bruits, mais si possible pas de gens qui vont vous distraire et vous empêcher de vous concentrer.


      Il faut bien se rappeler que nous vivons dans une époque moderne qui, par bien des aspects, est fascinante, mais qui a créé un nombre colossal d'objets suscitant la distraction et la dispersion de l'attention. Je veux parler de la télévision, des ordinateurs, des tablettes, des smartphones, des engins de plus en plus petits pour écouter de la musique, etc... Un endroit calme et tranquille, ce sera d'abord aussi un endroit libre de ces appareils ou, au moins, où on les aura éteints et où ils ne viendront pas déranger à tout moment. Pareillement, en rue, je conseille de ne pas écouter de musique avec son mp3 ou autre appareil. Car il est important de retrouver la vertu du silence. La méditation, c'est le mouvement contraire du divertissement où on essaye d'oublier ses problèmes en passant d'une stimulation sensorielle à une autre. La méditation, c'est se recentrer sur l'attention à ce que nous sommes, tant au niveau du corps que de l'esprit, tant sur ce qui est plaisant que sur ce qui est déplaisant, tant sur nos aspects positifs que nos aspects plus sombres. Tout le bruit et toute l'agitation rendent plus ardues cet effort de l'attention et de la concentration et facilitent la dispersion et l'inconstance. Et il y a suffisamment de ce bruit et de cette agitation dans le monde pour ne pas en rajouter artificiellement avec les appareils technologiques de notre quotidien qui captent notre attention et notre vigilance, ces qualités mentales si précieuses pour s'éveiller spirituellement. Marcher dans la rue peut être l'occasion d'une méditation marchée ; et c'est bien mieux que s'abîmer les tympans en mettant la musique à fond dans ses écouteurs.


     Si on pratique la méditation chez soi, peut-être serait-il judicieux de privilégier une pièce bien aérée, relativement dégagée, calme avec une luminosité naturelle. Peut-être est-il intéressant de balayer ou nettoyer pour que l'endroit soit plus agréable. Sans que ce soit une obligation non plus : la méditation n'est pas seulement réservée aux fées du logis. Il s'agit seulement de rendre la pièce plus plaisante pour que vous ayez envie d'y rester un long moment. Si le cœur vous en dit, vous pouvez allumer des petites bougies et de l'encens. Là encore, aucune obligation. Certains préféreront un espace vide à l'image des dojos dans le zen ; d'autres préféreront une décoration plus chargée à l'image des petits autels des pratiquants du bouddhisme tibétain avec statue du Bouddha, photographie du ou des maîtres spirituels, symboles et couleurs variées... Personnellement, je suis plutôt adepte du style dépouillé : mon seul confort est mon zafu, mon coussin de méditation et un tapis de yoga. Mais je me garderai bien d'imposer quoi que ce soit : que chacun aménage son lieu de méditation comme il l'entend, selon ses envies et sa propre esthétique, selon aussi ce dont il dispose.


     Si on pratique à l'extérieur, il vaut mieux privilégier des endroits relativement isolés. Sinon vous risquez d'être constamment importunés par les commentaires à haute voix des gens. Je sais que certains n'hésitent pas à méditer en pleine rue à la vue de tous, mais cela risque d'être une source importante de distraction. Pratiquer dans la nature est vraiment une source d'inspiration importante et une source incroyable d'apaisement. Par contre, si vous êtes un peu douillet, n'oubliez pas d'apporter un tapis de sol : toutes sortes de petites bêtes qui gratouillent et qui chatouillent, comme des fourmis, risquent de grimper sur vous. Faites attention aussi au soleil si vous restez un long assis face à lui, gare aux coups de soleil et aux insolations.


     J'aime méditer sur des hauteurs, falaises, rochers à pics ou en surplomb, l'impression de se tenir en équilibre face au vide est toujours quelque chose de très stimulant. J'aime aussi méditer le long d'un cours d'eau, que ce soit un ruisseau, un torrent ou un fleuve. Le fleuve a toujours hanté les philosophes d'Orient et d'Occident, et ce n'est pour rien. Qu'on se souvienne des formules d'Héraclite : « Tout coule » ou « On ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière ». Un fleuve semble être une unité paisible, mais il est constamment traversé des petites vaguelettes et de miroitements qui sont autant de traces de l'impermanence subtile qui anime le cours des choses. Je me souviens des méditations tôt le matin, sur les ghats le long du Gange à Bénarès. Je me souviens des méditations à côté d'un petite torrent dans un village voisin de McLeod Ganj sur les hauteurs de Dharamsala, il y a une vingtaine d'années. C'était très paisible, mais de temps en temps, des familles de touristes en ballade passaient devant moi de l'autre côté de la rivière et me prenaient en photo. J'imagine que je devais leur sembler très exotique !


       J'aime aussi méditer devant la mer, sur la plage ou dans les dunes. C'est aussi une sensation puissante. Le vaste océan comme métaphore de l'esprit dans la philosophie bouddhique où les pensées individuelles sont comme autant de vagues qui s'élèvent et se résorbent dans l'immensité de l'océan.


     Voilà. Il me reste à souhaiter que chaque lieu où vous pratiquez la méditation soit pour vous un lieu d’Éveil et de paix !
















Voir également : 


- Combien de temps méditer ?





Voir aussi : 


- Comme le torrent 












Sur la méditation de manière générale : 





Pour un commentaire beaucoup plus détaillé des pratiques du Soûtra de l'Attention au Va-et-Vient de la Respiration, voir : 

En compagnie du souffle :  

     















Sur la méditation des Quatre Qualités Incommensurables :




Les différentes formes de l'amour et comment concilier ces différentes formes avec sagesse.


Les Quatre Demeures de Brahmā : amour illimité, compassion illimitée, joie illimité et équanimité illimitée



        On pense parfois que la compassion consiste à s'affliger soi-même de la détresse des autres, mais, dans la philosophie du Bouddha, rien de tout cela : la compassion est définie comme le souhait ardent que les autres soient libérés de la souffrance et des causes de la souffrance.




Joie 

   Qu'est-ce que la joie spirituelle prônée par le Bouddha ?





    L'équanimité dans la méditation, l'apaisement des remous de la vie. Comment la pratiquer ? Comment la mettre en œuvre dans la vie de tous les jours ?




Méditation avec et sans objet






Voir également : 

- Commentaires sur « L’Art de la Méditation » de Matthieu Ricard : voir le texte

     Pourquoi les enseignements du Bouddha sont-ils si rarement cités par les lamas du bouddhisme tibétains ? Est-ce que la méditation sur la nature de l'esprit n'occulte pas l'établissement de l'attention portée sur le corps (telle que le Bouddha l'enseigne dans le Soutra des Quatre Etablissements de l'Attention) ? Les soutras du Petit Véhicule ont-ils un intérêt dans la méditation sur la vacuité telle que l'expriment les soutras de la Perfection de Sagesse ? Comment intégrer les différents Véhicules du bouddhisme ?




Slowly, slowly, slowly.... : voir le texte
       Le progrès lent et graduel de la méditation. Comment arriver à la pleine conscience ?




Méditation marchée





       Beaucoup de gens aiment faire quelques longueurs à la piscine pour se relaxer. C'est effectivement quelque chose de délassant de se baigner dans l'eau et d'activer l’entièreté de son corps. Mais je trouve que la piscine est aussi excellent endroit pour pratiquer la méditation et l'attention. 



En attendant le bus

        Et si on s'inspirait de la méditation en attendant le bus plutôt que râler et trouver le temps interminable ?







          On dit parfois : "Je ne peux pas pratiquer la méditation de l'attention portée à la respiration, puisque je suis asthmatique. Que dois-je faire ?" Il se trouve que je suis, moi aussi, asthmatique. En fait, le fait de respirer bien ou mal n'a rien à voir avec la pratique de l'attention telle qu'est enseignée par le Bouddha. Il s'agit de prêter attention à la respiration, pas de la réguler à tout prix. Même pendant une crise d'asthme, on continue à inspirer et expirer. Vous le faites difficilement du fait de la crise, mais vous le faites, sinon vous seriez mort. Il faut seulement prendre conscience de cette conscience de cette respiration et laisser l'esprit se calmer et se libérer de lui-même.




- Ne rien faire 


















Voir tous les articles et les essais du "Reflet de la lune" autour de la philosophie bouddhique ici.



    Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.





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