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L’Apologie de Socrate
L’Apologie de Socrate
Le procès de Socrate est l’occasion
pour ce dernier de présenter une apologie de la philosophie de manière générale
ainsi qu’une défense de sa démarche personnelle en particulier contre les
accusations de Mélétos et Anytas d’impiété et de corruption de la jeunesse. Or
le cœur de cette démarche se situe dans le moment où Chéréphon, un ami de Socrate,
se rend auprès de l’oracle de Delphes et demande qui est le plus sage des
Athéniens. Celle-ci répond que c’est Socrate qui est le plus sage. Socrate est
le premier étonné de cette réponse : « Car enfin moi, je n’ai pas de conscience de n’avoir de sagesse ni
grande, ni petite. Alors que peut bien vouloir dire le dieu, en déclarant que
c’est moi le plus sage[1] ? »
C’est pourquoi il part à l’enquête auprès des gens qu’on estime habituellement
plein de sagesse pour voir ce qu’il en est. Or il se rend bien vite compte
qu’il n’en est rien, la sagesse dont ceux-ci se targuent n’est que vanité et
confiance démesurée dans leur savoir-faire. « Il m’a semblé que cet homme paraissait sage aux autres, qui étaient
nombreux, et surtout à lui-même, mais qu’en réalité il ne l’était pas. J’ai
ensuite essayé de lui montrer qu’il croyait être sage sans l’être réellement[2]. »
C’est
la mission dans laquelle va se lancer toute sa vie Socrate au sein des murs de la Cité d’Athènes, une mission
qui consistera à déprendre ses concitoyens de l’illusion d’une sagesse
illusoire dont ils sont imbus, et qui n’est pas la véritable Sagesse. Pour se
faire, il aborde un jour un notable d’Athènes aux fonctions politiques, un jour
un poète ou un aède[3],
un autre jour un artisan[4]
ou un jeune homme, et parfois aussi un sophiste, et Socrate commence une
conversation à bâton rompu avec cette personne où il pointe du doigt ses
préjugés les mieux établis afin de montrer les contradictions et les faiblesses
inhérentes à sa pensée, le plongeant dans l’aporie complète. Cette mission,
Socrate peut l’entreprendre parce qu’il a cet avantage en la sagesse de savoir
précisément qu’il n’est pas sage. « Le
plus sage d’entre vous, hommes, c’est celui qui comme Socrate a reconnu qu’en
vérité il ne vaut rien sous le rapport de la sagesse[5]. »
La philosophie commence donc par l’opération de se vider de sa fausse sagesse
pour pouvoir dès lors s’ouvrir à la
Sophia , la
véritable Sagesse dans sa qualité proprement divine, et Socrate semble ancré
dans cette ferme confiance que chacun peut s’en approcher et la découvrir pour
peu qu’il cherche sincèrement en lui-même par ses propres moyens, et naître
ainsi à la Sagesse. L ’ironie
socratique ne comporte donc aucune intention de nuire ou de rabaisser le caquet
des notables de la ville pour le seul plaisir de les voir ridiculisé. Délesté
de ses préjugés et de ses a priori,
l’honnête homme peut enfin penser par lui-même, avoir le souci de soi, il peut développer une existence plus belle et plus
libre. « Excellent homme, tu es Athénien,
tu appartiens à la cité la plus grande et la plus renommée pour ses savoirs et
la puissance, et tu ne rougis pas de te préoccuper de gagner le plus d’argent
possible, la réputation et les honneurs, quand la sagesse[6],
la vérité et l’effort pour perfectionner ton âme, tu ne t’en préoccupes pas, tu
ne t’en soucies pas[7] ? »
Cette mission que s’impartit Socrate
est une mission qui lui vaut certes beaucoup d’ennui et de problèmes de la part
des citoyens qui voient d’un très mauvais œil leur respectabilité, leur vertu
et leur assurance mises à mal par ce vilain petit bonhomme habillé en guenilles
et qui n’a d’égard pour rien. Socrate en fait le constat amer : « ils se fâchent contre moi au lieu de s’en
prendre à eux-mêmes et ils racontent qu’il y a un certain Socrate, la pire
infection, qui corrompt les jeunes[8] ».
Mais Socrate se refuse catégoriquement à se détourner de sa mission, puisque
c’est à ses yeux une mission divine : « A partir de là, je n’ai plus discontinué : je me rendais bien
compte – et cela me chagrinait et m’angoissait – que je me faisais des ennemis,
mais je croyais cependant encore nécessaire de mettre au-dessus de tout le
service du dieu[9] ». Socrate
fait donc constamment référence au dieu Apollon et à son démon qui le protège
simplement en lui disant : « non », quand il s’apprête à
commettre une action néfaste ou inappropriée comme par exemple s’engager en
politique, car étant donné son caractère et son attitude de vie, cela lui
aurait valu d’être assassiné bien avant son fameux procès : « La chose a commencé dès mon enfance :
il m’advient une voix qui, chaque fois qu’elle m’advient, me détourne toujours
de ce que je me propose de faire, mais jamais ne m’y encourage. C’est elle qui
s’oppose à ce que je fasse de la politique[10] ».
La mission de Socrate est donc de s’adresser à l’homme particulier pour qu’il
se soucie de sa sagesse et de sa vertu, ce qui sera profitable à lui-même et
aux autres dans la Cité. Par
ailleurs, il est emblématique que l’Apologie de Socrate s’achève par le mot
« dieu » : « Qui de
nous prend la meilleure direction, nul n’y voit clair, excepté le dieu[11] ».
Et comme dans le Banquet, la sagesse
divine prend toute l’ampleur à l’encontre de la sagesse des hommes :
« Car l’assistance s’imagine chaque
fois que je sais sur quoi je convaincs autrui d’ignorance. Mais il y a des
chances, Messieurs, pour qu’en réalité, le sage, ce soit le dieu et que dans ce
fameux oracle il veuille dire que la sagesse humaine a bien peu de valeur, et
même aucune[12] ».
Néanmoins, la sagesse de Socrate ne se revendique pas de cette sagesse divine
où il constate à longueur de temps qu’elle est absente, mais bien d’une sagesse
humaine : « Sachez pourtant que
je vous dirai l’entière vérité : oui, Athéniens, je ne dois cette renommée
à rien d’autre qu’à une sorte de sagesse. Mais quelle est cette sagesse ?
C’est peut-être précisément une sagesse d’homme[13] ».
Socrate navigue dans un espace indécis et brumeux, une zone floue et étrange
entre la sagesse des hommes et sagesse divine. Socrate n’appartient ni tout à fait
au domaine profane, ni tout à fait au domaine religieux, sa contemplation
philosophique et son action oscille entre les deux, c’est pourquoi on échoue à
le mettre dans telle ou telle catégorie, on le dit « atopos », inclassable, déroutant, étrange. C’est cette
ambiguïté fondamentale entre la sphère du sacré et la sphère du profane qui lui
vaut précisément ce procès en impiété mené par Mélétos, Lycon et Anitos.
*****
Aujourd’hui, cette conception que se
faisait Socrate et Platon de la philosophie comme une ambiguïté constamment
entretenue entre la sphère du profane et du sacré a complètement disparu :
soit la philosophie est déconstruction des illusions de la religion, soit
servante de la théologie. Dans les deux cas, la philosophie est au mieux reléguée
à une sagesse profane relevant seulement des hommes, quand les hommes se
préoccupent encore de sagesse. Il me semble que la cassure se soit opérée au
tournant de notre ère ; elle a pour origine la prédication enflammée de
Paul de Tarse, quand celui-ci a porté la foi en Jésus-Christ, sauveur et
rédempteur de l’humanité, jusque dans les murs d’Athènes où son esprit
« s’échauffe » de voir tant de temples et tant d’idoles à chaque coin
de rue. Sur l’agora, il rencontre des philosophes stoïciens et épicuriens qui
restent très sceptique face à cet illuminé. Mais toujours enclins à discuter de
nouvelles théories, ceux-ci l’emmènent à l’Aréopage pour une conversation
philosophique. « Tous les Athéniens
en effet et les étrangers qui résidaient parmi eux n’avaient d’autre
passe-temps que de dire ou écouter les dernières nouveautés[14]. »
En se promenant dans la Cité
de la déesse de la Sagesse ,
Paul a remarqué un temple très particulier, le temple du dieu inconnu. Les
Athéniens, ne voulant en aucune façon froisser un dieu qu’ils auraient oublié,
avaient effectivement érigé un temple pour accueillir ce dieu oublié. Paul de
Tarse en tire donc parti dans sa rhétorique: « Athéniens, à tous égards vous êtes, je le vois, les plus religieux des
hommes. Parcourant en effet votre ville et considérant vos monuments sacrés,
j’ai trouvé jusqu’à un autel avec l’inscription : « Au dieu
inconnu ». Eh bien ! Ce que vous adorez sans le connaître, je viens,
moi, vous l’annoncer[15] ».
Sur ces entrefaites, Paul développe sa conception d’un dieu unique qui laisse
froid les philosophes qui en ont vu d’autres, et enfin il termine sur l’idée du
jugement dernier et la rédemption « par
un homme qu’il a destiné, offrant à tous une garantie en le ressuscitant des
morts[16] »
Ce qui suscite l’hilarité générale, car personne à Athènes ne pouvait donner du
crédit à cette idée absurde de résurrection des morts.
Il semble donc bien que Paul,
manquant singulièrement de patience et de compréhension, en ait conçu une vive
amertume à l’encontre des philosophes puisqu’il a cessé dès lors de vilipender
la sagesse humaine des philosophes et de ceux qui pensent par eux-mêmes :
« Veillez à ce que nul ne fasse de
vous sa proie au moyen de la philosophie, duperie creuse qui s’inspire d’une
tradition toute humaine, des éléments du monde et non du Christ[17] ».
Et encore : « Puisqu’en effet
le monde, par le moyen de la sagesse, n’a pas reconnu Dieu dans la sagesse de
Dieu, c’est par la folie du message qu’il a plu à Dieu de sauver les croyants.
Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de
sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les juifs et
folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et grecs, c’est
le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu[18] ».
Paul n’a pas voulu comprendre dans sa ferveur religieuse que ses idées de
Christ ressuscité qui n’est autre que Dieu s’incarnant en homme pour reprendre
à son compte les péchés des hommes étaient des idées pour le moins étranges,
voire farfelues à un esprit un tant soi peu rationnel. Il a en conséquence
derechef décrété que l’homme qui pense par lui-même est doté d’une sagesse
toute humaine, c’est-à-dire complètement défectueuse du point de la Révélation. Il
a oublié, chemin faisant, que ce sont les hommes qui ont la foi, et que la foi
ne peut pas tout, qu’elle ne résout pas tous les problèmes (qu’elle en crée
même le plus souvent), et qu’il faut bien la raison et la sagesse pour vivre
une vie belle et bonne.
C’est
la grande différence à mes yeux entre Paul et Socrate. Paul dresse la sagesse
de l’homme et la sagesse de Dieu en ennemis irréductibles, l’un excluant
l’autre. Socrate, par contre, voue son ironie à la fausse sagesse des hommes
imbus de leurs savoirs et de leurs compétences pour lui substituer une sagesse
tout aussi humaine, et qui est une sagesse vide de la sagesse divine et
consciente de son manque ; mais si cette sagesse de l’homme est certes une
sagesse vide, elle l’est d’un vide profondément fécond, la force de cette
sagesse, c’est qu’elle se présente
volontairement comme un creux, comme une ouverture en douceur et en finesse au
Beau. Socrate lie donc ces deux sagesses, la sagesse de l’homme et la sagesse
du dieu, dans le cœur de cet homme plein de défauts et de vanités, dans la part
divine de son âme[19].
La sagesse de l’homme, même si elle est faible et si elle reste un idéal qui
paraît souvent inaccessible, est néanmoins le véhicule de dépasser sa condition
et de se rapprocher du divin.
Le
problème qu’a posé Paul en créant cette déchirure entre sagesse de l’homme et
sagesse de Dieu est que la sagesse a besoin de la transcendance ou de quelque
chose de sacré pour que l’homme ait la force toujours renouvelée et le courage
de persévérer dans la voie de la sagesse. Ce sacré peut être transcendant comme
Apollon ou Athéna. Mais ce sacré peut être aussi beaucoup plus immanent comme
l’exaltation devant la Nature ,
la conscience soudaine de l’Un ou du Tout, la plénitude dans l’amour de
l’humanité, le troisième genre de connaissance de Spinoza, le nirvâna bouddhiste[20].
En même temps, cette sagesse est une sagesse d’homme libre, ce n’est pas le
seul apanage du prêtre ou de l’officiant, ou encore de la grenouille de
bénitiers. Dans l’œuvre de Platon, on voit Socrate dans beaucoup de situation
très différentes : sur l’agora, au gymnase, à un banquet, en train de se
promener en-dehors, sur le champ de bataille, chez les sophistes, au tribunal,
en prison, mais on ne le voit jamais prier dans un temple ou en train de suivre
pieusement une procession.
Comme
je l’ai déjà dit plus haut, la philosophie se déplace dans cette zone floue, ce
no man’s land métaphysique entre le sacré et le profane, où l’homme à la fois
apprend à accepter joyeusement sa condition d’homme (« Connais-toi toi-même », « Philosopher, c’est apprendre à mourir »),
et d’un autre côté cherche à se dépasser, à s’élever dans le Beau et la
splendeur, en un mot à transcender sa condition humaine. Paul a donc le tort à
mes yeux de provoquer une cassure profonde comme si la corde de funambule
qu’est la philosophie s’était rompue sous les coups acérés de sa prédication
religieuse qui a tant influencé Augustin, Luther, Calvin et les jansénistes.
Paul, sans s’en rendre compte, a provoqué une rupture de
« l’alliance » entre les dieux et les hommes, cette alliance n’étant
autre que la sagesse elle-même. Plus tard, Thomas d’Aquin essayera tant bien
que mal de recoller les morceaux, même ce rafistolage entre théologie et
philosophie a laissé des traces, un peu comme une vitre que l’on recollerait,
mais qui garderait la trace de la brisure passée. Cette position intransigeante
de Paul de Tarse a évidemment considérablement affaibli la philosophie dans sa
dimension vécue de transformation de la vie, mais du même coup il a affaibli
aussi le christianisme. En effet, j’ai parlé plus haut dans le chapitre sur le Banquet que la sagesse est nécessaire à
l’amour, et c’est particulièrement pour les injonctions de Jésus[21] :
« Aime ton prochain comme toi-même »
ou « Aimez-vous les uns les autres ».
Sans la sagesse, ces deux sentences sont un peu comme de beaux slogans qui
sonnent bien, mais qui n’auront jamais aucune incidence dans la vie de tous les
jours. En effet, si nous aimons sans discernement, alors nous serons roulés
dans la farine, ou nous aurons des comportements sentimentaux complètement
déplacés. Il faut donc le sens de la mesure que procure la sagesse pour que
notre amour du prochain puisse se développer dans toute son ampleur. Comme le
disait Epicure : « De tous les
biens que peut procurer la sagesse, l’amitié (philia) est le plus précieux »,
et les chrétiens auraient eu bien fait d’en prendre de la graine.
Voir la suite : "Charmide" de Platon
[1] Platon, « Apologie de Socrate », traduction de Bernard et Renée Piettre,
Librairie Générale Française, Paris, 1997, 21b.
[2] Platon, op. cit., 21c.
[3] Platon, ibid., 22c: « Et j’eux donc vite fait de reconnaître, au
sujet des poètes, cette fois, que leurs créations ne devaient rien à la
sagesse, mais qu’ils créaient par une sorte d’élan naturel, possédés par le
dieu comme les prophètes et les devins : car ces derniers aussi disent
beaucoup de belles choses, mais ils ne savent rien de ce qu’ils disent. »
[4] Platon, ibid., 22 d-e : « Parce qu’ils savaient bien exercer
leur métier, chacun se croyait aussi le plus sage ailleurs, dans les choses les
plus importantes, et ce dérèglement en eux éclipsait leur autre savoir. »
[5] Platon, ibid., 23 b.
[6] Ici, la phronésis.
[7] Platon, ibid.,
29 d-e.
[8]
Platon, ibid., 23 c-d.
[9]
Platon, ibid., 22 e.
[10] Platon, ibid.,
31d.
[11] Platon, ibid., 42 a .
[12] Platon, ibid.,
23a.
[13] Platon, ibid., 20 d.
[14] Les
Actes des Apôtres (XVII, 21), dans la « Bible de Jérusalem », Les éditions du Cerf, Paris, 1998.
[15] Les
Actes des Apôtres (XVII, 22-23).
[16] Les
Actes des Apôtres (XVII, 31).
[17] Epîtres
aux Collossiens (II, 8).
[18] Premier
Epître aux Corinthiens (I, 21-24).
[19] Dans le Banquet, Alcibiade compare Socrate à une statue de silène un peu
grotesque jouant du pipeau et qui se révèle si on ouvre la statue pleine de
statuettes dorées de dieux (215 b).
[20] Dans « La
mystique sauvage », PUF, Paris, 1993, Michel Hulin, spécialiste de la
pensée hindoue, et notamment du védantisme non-dualiste de Shankara, passe en
revue les expériences spontanées (en-dehors d’un cadre établi) d’union mystique
avec le Tout et le cosmos, que ce soit en Inde ou en Occident. Il parle
notamment de ce que Freud appellera le « sentiment océanique » où les
bornes de l’existence s’évanouissent, et où le petit moi s’immerge et se fond
dans le grand monde dans un sentiment de sympathie universelle.
Il cite le cas de Ramakrishna qui
était alors un jeune garçon se promenant dans une rizière du Bengale au
XIXe siècle au moment des moussons quand le ciel est d’un bleu-noir orageux
intense. Comme le raconte Hugo von Hofmannsthal :« Il allait par la campagne au milieu des
champs, quand il leva son regard vers le ciel et vit un cortège de hérons blancs
traverser le ciel à une grande altitude : et rien d’autre, rien que la
blancheur des créatures vivantes et ramant sur le ciel bleu, rien que ces deux
couleurs l’une contre l’autre ; cet ineffable sentiment d’éternité pénétra
à l’instant dans son âme et détacha ce qui était lié, lia ce qui était détaché,
au point qu’il tomba comme mort » (« Lettre de Lord Chandos et autres textes », Paris, 1992, pp.
156-157).
Henri David Thoreau écrivait dans
sa cabane au fond des bois : « La
sympathie avec les feuilles agitées de l’aune et du peuplier me fait presque
perdre ma respiration ; toutefois comme le lac, ma sérénité se ride sans
se troubler.
Pourquoi
me sentirai-je seul ? Notre planète n’est-elle pas dans la
Voie Lactée ? » (« Walden », Aubier, Paris, 1967, pp.
253-255, cité ainsi que la précédente citation dans : Pierre Hadot,
« La philosophie comme manière de
vivre », Albin Michel/le Livre de Poche, Paris, 2001, pp.
277-279)
[21] Il est peut-être aussi intéressant de noter que Paul
dans ses épîtres ne cite Jésus que quatre fois en tout et pour tout, ce qui est
très peu pour quelqu’un qui est sensé porter sa bonne nouvelle aux quatre coins
de l’empire romain, comme si la foi en le « crucifié » était plus
importante que l’enseignement de vie de Jésus.
Par ailleurs, quand Jésus parle
d’amour, il faut entendre « agapé » et non « éros » comme
dans le Banquet. Mais cela ne change
rien : l’un et l’autre gagne à liée à la sagesse.
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Textes et essais sur la philosophie gréco-romaine ici.
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