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samedi 7 novembre 2015

De l'art de la paix en temps de zombification massive

De l'art de la paix en temps de zombification massive

(Attention : cet article est tout entier un spoiler de l'épisode 4 de la 6ème saison!)

    Récemment, j'ai publié un article sur la série télévisée américaine « The Walkind Dead » où je parlais de l'idéologie qui sous-tend toute la série : L'homme est un zombie pour l'homme. J'essayais de mettre en valeur la mentalité conservatrice et religieuse, l'idée que l'homme représente toujours une menace pour son prochain et que le port des armes à feu est une nécessité vitale pour contrer tout le mal que les morts et les vivants pourraient nous faire. Je n'avais pas vu à ce moment-là le dernier épisode où l'on peut sentir comme une inflexion idéologique dans le discours.






     L'épisode est centré sur le personnage de Morgan Jones qui était apparu en présence de son fils au tout début de la série. C'est lui qui explique à Rick Grimes comment le monde est devenu et comment il peut échapper aux zombies, comment il peut les tuer définitivement. On le revoit dans un épisode de la saison 3 où il a perdu son fils et semble devenu complètement fou et paranoïaque. Cet épisode, très beau, montre comment il a évolué et s'est sorti de sa folie meurtrière et de son désespoir absolu grâce à un psychiatre, Eastman qui pratique l'aïkido, qui est végétarien et pour qui le respect de toute vie est un principe central de son action dans ce monde en proie au chaos. Eastman donne un livre intitulé « L'art de la paix » à Morgan pour lui suggérer une autre approche de l'existence. « L'Art de la Paix » est un recueil de pensée de Morihei Ueshiba, le fondateur de la discipline de l'aïkido. Morihei Ueshiba y dit notamment : « Blesser un adversaire, c’est se blesser soi-même. Contrôler une agression sans infliger de blessure, c’est l’Art de la Paix ». La pratique des arts martiaux doit idéalement nous amener à ne pas nous battre. 

      Bien que Morgan ait attaqué à plusieurs reprises Eastman, celui-ci ne cherche pas à le tuer ou le neutraliser. Il lui demande seulement de retrouver le sens de la vie. Eastman conserve un optimisme dans l'idée de changer les hommes, à les amener à se transformer dans le sens du bien. Eastman évoque le fait qu'il était en charge de détenus avant la catastrophe dont il devait examiner s'il pouvait sortir de son prison : sur plus de 800 cas examinés, seul un était véritablement un monstre, dit-il. Pour lui, tout le monde peut guérir et retrouver l'équilibre. « Tant qu'il y a de la vie, il y a du potentiel ». Il passe beaucoup de temps à enseigner sur les berges du fleuve les principes tant physiques que spirituels de l'aïkido à Morgan : « Il s'agit de dévier et d'éviter, tout en se souciant du bien-être de ton adversaire ».







     Cet enseignement de la non-violence tranche nettement avec la frénésie pour les armes à feu qui traverse toute la série et la violence à l'égard des autres comme moyen ultime de défense. Néanmoins, je ne suis pas certain que cette inflexion idéologique soit un véritable virage, d'une part parce que les concepteurs de la série sont suffisamment malins pour ne pas s'enfermer dans un discours linéaire et monotone qui finirait par ennuyer les spectateurs par sa prévisibilité. Le fait qu'il y ait des inflexions idéologiques comme Norman qui se convertit à la non-violence ou comme les homosexuels qui apparaissent au fil des saisons après un discours conservateur très centré sur la famille (Tara, lesbienne, qui rallie le clan de Rick après le combat dans la prison avec le Gouverneur et Aaron qui recrute le groupe de Rick pour venir vivre à Alexandria et qui vit avec son compagnon Eric). Il y a donc des rebondissements pas seulement dans l'intrigue, mais aussi dans la ligne idéologique qui fluctue avec les personnages qui viennent peupler la série.


     D'autre part, cette non-violence de Norman ne va pas sans poser de problème. Il se contente ainsi de neutraliser les deux voyous de la bande des Wolves qui, par la suite, attaquent Alexandria au moment où Rick et ses compagnons jouent les « bergers de zombie » en essayant d'emmener une horde de milliers de zombie à plus de 30 miles d'Alexandria. S'il les avait tués, rien de cela ne serait arrivé. Implicitement, c'est une façon de dire que la violence est plus efficace pour régler ses problèmes que « l'Art de la Paix ». Par ailleurs, l'attitude de laisser en vie le gars des Wolves sans prévenir les habitants d'Alexandria est une source future de problèmes pour cette communauté... Norman va-t-il convertir le voyou à sa philosophie d'harmonie avec le monde ou ce dernier va-t-il en profiter pour causer encore plus de tort aux habitants déjà éprouvés d'Alexandria ? Les prochains épisodes le diront. 









Voir l'article plus général sur la série "The Walking Dead" :   L'homme est un zombie pour l'homme




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