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mercredi 12 avril 2017

Le pouce du panda




Le pouce du panda







     Quelles sont les preuves de la théorie de l'évolution de Charles Darwin ? On prend souvent l'exemple de la girafe : les cous des girafes qui étaient le plus longs étaient favorisés dans la lutte pour la survie, car ces girafes au cou long pouvaient manger les feuilles des plus hautes branches. La sélection naturelle explique que ces girafes au cou long ont transmis leurs gènes à leur descendance, et cela explique l'évolution de la longueur du cou chez les girafes. Mais si l'on réfléchit dans un schéma créationniste ou dans celui d'un dessein intelligent, ne peut-on pas dire que Dieu a conçu un plan pour les girafes ? Lui qui sait tout, n'a-t-Il pas eu l'idée d'allonger le cou de ces herbivores pour augmenter leur chance de survie ? Un plan divin, un plan génial. Pareillement, quand on regarde les ailes d'un albatros, on se rend compte que ces ailes sont un modèle d'aérodynamisme ! N'est-il pas plus probable que ces ailes aient été conçues par un Créateur avec un grand C, plutôt que produites par ce long processus, aveugle et hasardeux qu'est l'évolution des espèces grâce à la sélection des espèces ?

     Pour le biologiste et paléontologue Stephen Jay Gould (1941-2002), s'il y a une preuve à chercher, ce n'est pas dans la perfection des formes du règne animal ou végétal, mais bien justement dans les imperfections et les anomalies de l'évolution. Une de ces bizarreries, c'est justement le pouce du panda. Le panda géant a six doigts, un de plus que nous, les humains, mais un de plus aussi que ses cousins directs, les ours. Or quand on étudie de plus près le pouce du panda, on se rend compte que ce pouce n'est pas constitué à partir des os classiques de doigts. Les cinq autres doigts ont l'ossature habituelle des doigts comme chez les ours, mais les os du pouce et ses muscles dérivent d'une excroissance du sésamoïde radial dans l'os du poignet. Ce faisant, ce sixième doigt du panda qui constitue un pouce opposable donne un avantage évolutionnel très important pour ces grands animaux végétariens qui ont besoin de manipuler avec dextérité des branches de bambou toute la sainte journée pour se nourrir des pousses tout en se débarrassant des feuilles, là où leurs cousins ours sont omnivores et ne partagent pas cet appétit prononcé pour les pousses de bambou.












     Ce pouce du panda a donc été conçu à partir de quelque chose qui n'avait absolument pas pour fonction d'être un doigt, voire même de ressembler à un doigt. Pour les anatomistes spécialistes du panda et des ours, voilà un bien curieux et déconcertant bricolage. Si c'est un Dieu tout-puissant qui avait créé les pandas, pourquoi dans sa toute-puissance se serait-Il livré à ce genre de bricolages ? Comme le dit Stephen Jay Gould 1 : « Les évolutions bizarres et les solutions cocasses sont la preuve de l'évolution, car un Dieu sensé n'aurait jamais emprunté les chemins qu'un processus naturel, sous la contrainte de l'Histoire, se voit bien obligé de suivre ».


      Gould cite à l'appui de ses dires Charles Darwin lui-même2 : « Bien qu'un organe ait pu, à l'origine, ne pas être formé dans un but bien précis, s'il remplit à présent cette fonction, nous pouvons dire à juste titre, qu'il a été spécialement conçu pour cela. Selon le même principe, si un homme a fabriqué une machine dans un but bien précis, mais a utilisé pour sa construction de vieilles roues et poulies, des ressorts usagés, en ne leur faisant subir que des légères modifications, on doit dire de cette machine, dans son ensemble, avec toutes ses pièces constitutives , qu'elle a été spécialement conçue dans le but visé. Ainsi, dans la nature toute entière, presque tous les organes de chaque être vivant ont probablement servi, dans des conditions légèrement modifiées, à des buts divers, et ont joué un rôle dans la machinerie vivante de nombreuses formes spécifiques anciennes, distinctes des formes actuelles ».

     La Nature prend ce qu'elle a sa disposition pour créer de nouvelles modifications et de nouvelles évolutions dans le monde vivant. C'est un processus beaucoup plus incertain et imparfait que la planification orchestrée par un Dieu tout-puissant qui aurait tous les outils et les plans nécessaires pour sa sublime Création, mais avec ses moyens limités, on doit bien constater la prodigieuse créativité et inventivité de la Nature dans la multiplicité de ses formes. Pour Darwin, c'était justement dans les petites choses qu'il fallait voir les signes révélateurs de l'évolution des espèces grâce à la sélection naturelle. Darwin, en dehors des ouvrages qui l'ont rendu mondialement célèbre comme « L'origine des espèces » ou « La filiation de l'homme », s'est consacré à des sujets d'étude qui ont apparu secondaire à ses contemporains : la fécondation des orchidées, les plantes grimpantes, la taxonomie des bernacles, l'expression des émotions chez l'homme et chez les animaux, le rôle des vers de terre dans la formation de l'humus... Il s'intéressait aussi de très près à la présence chez de très nombreuses espèces d'organes atrophiés comme des vestiges de queue par exemple, qui sont l'indice révélateur d'organes jadis fonctionnels chez les lointains ancêtres de l'espèce en question. Les bizarreries sont porteuses d'Histoire.












1 Stephen Jay Gould, Le pouce du panda, Grasset, Paris, 1982 (1980 pour l'édition en langue anglaise), p. 19.

2 Cité dans Stephen Jay Gould, op. cit., p. 25. 














7 commentaires:

  1. mehdi mountather7 mai 2017 à 01:40

    Au pape François aux chrétiens aux juifs et aux bouddhistes de se convertir a l’islam le 7 Mai 2017 pour éviter l'extermination de leurs pays par ces punitions d'ALLAH les séismes plus 7 tsunami volcan grondement engloutissement les inondations feu de forêt les météorites les foudres les tornades grêlon aucune religion n'est valable après l'islam la preuve ce Verset dans le Coran ALLAH dit ( Quiconque recherche en dehors de l’islam une autre religion, celle-ci ne sera point acceptée de Lui , et dans l’autre monde, il sera du nombre des réprouvés.) Verset 85 Sourate Al-i’Imran merci.

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  2. Ce n'est pas ce genre de message qui me donnera envie de me convertir à l'islam. Jamais.

    Il n'y a rien d'autre à avoir que du mépris face à ce message de troll islamiste (ou de troll d'extrême-droite qui se sont font passer pour des musulmans afin de susciter la haine et l'islamophobie).

    Cherchez un peu, faites usage de votre raison, et vous verrez beaucoup de choses valables en-dehors de votre religion.

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  3. Tu as bien raison de dire qu'il n'y a rien d'autre à avoir que du mépris face à ce message de troll islamiste "ou de troll d'extrême-droite" qui se fait passer pour des musulmans afin de susciter la haine et l'islamophobie. C'est tellement caricatural que j'ai moi-aussi eu un doute, cela pourrait bien être qqn d'extrême droite qui se fait passer pour un djihadiste. Par ailleurs, je recherche un de tes articles dans lequel j'avais mis un commentaire, il me semble que cela concernait la modernité, c'était cette année, j'y parlais d'électricité et d'avion, on m'avait donné le nom d'un philosophe qui sériait comme je le proposais entre ce qui crée plus de souffrance ou qui la diminue dans ce qu'on appelle la modernité, une idée ?

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  4. Oui, d'autant que nous pouvons fièrement dire que nous avons brillamment survécu aux tsunamis du 7 mai déclenchés par Allah ! :-)

    Concernant les articles, cela ne me dit rien. J'avais écrit un texte "Spiritualité & modernité" suivi d'un autre texte "Le pont-neuf de la modernité" qui était une réponse à un de tes objections.

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  5. C'est le nom du philosophe que j'aimerais retrouver, qui dit en gros qu'il y a des progrès nécessaires et bienvenus mais d'autres dont on pourrait se passer en somme. Il me semble qu'il est du début du 20ème.

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  6. Je me demande s'il ne s'agissait pas d'Ivan Illich, je crois bien.

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