Mardi,
j'ai été donné mes plaquettes à la Croix Rouge. Les plaquettes
sont cette partie du sang qui sert notamment à la coagulation. Si
j'en parle, c'est parce qu'une amie m'a reproché de m'être rendu
dans un hôpital pour accomplir ce don alors que nous sommes en
pleine période de pandémie de coronavirus. Non seulement, je prends
le risque de mourir du covid-19, mais je risque de contaminer
d'autres personnes si j'étais contaminé. D'autant plus que les
malades du covid-19 ont plus besoin d'air que de sang.
Je
lui ai répondu que le coronavirus n'a pas tué les autres virus, il
n'a pas éradiqué les cancers, les leucémies, ni les blessures que
les gens peuvent se faire. En conséquence, les hôpitaux ont
toujours besoin de sang, de plasma et de plaquettes pour tous ces
patients qui souffrent d'autres choses que le coronavirus. Par
exemple, le don de plaquettes est utile pour les patients
transplantés, atteints de cancer ou de maladies du sang comme la
leucémie.
Le
don de sang est utile pour les personnes accidentées, notamment dans
les cas d'accidents de la route, pour les interventions
chirurgicales, pour certains accouchements, pour les chimiothérapies,
pour les personnes souffrant d'anémies graves, pour les certaines
personnes atteintes de maladies génétiques affectant les globules
rouges et qui ont besoin de transfusions sanguines tout au long de
leur vie comme les drépanocytoses et les thalassémies majeures.
Le
don de plasma est lui utile pour les personnes atteintes de
déficits immunitaires primaires (présent chez les malades dès leur
naissance)
qui les rend extrêmement sensibles à toutes les infections (otites,
pneumonies et sinusites à répétition, infection du sang et de la
peau, lésions organiques graves voire mortelles…) ainsi que pour
les personnes atteintes de déficits
immunitaires secondaires qui surviennent au cours de la vie du fait
d'une maladie, d'une chimiothérapie
ou d'une maladie auto-immune. Le plasma sert également à renforcer
les
facteurs de coagulation, ce qui est utile pour les personne souffrant
de troubles
de la coagulation (hémophilie…) et l’albumine
dans le cas d'hémorragie, des grand-brûlés ou pour les opérations
chirurgicales. On voit là que cela fait beaucoup de monde.
Donc si je vais dans un hôpital, il y a
certes un risque que je contracte le coronavirus au cours d'une
interaction avec une infirmière où la distanciation sociale
forcément ne pourra être respectée à la lettre. Et si je
contracte le coronavirus, il y a un risque que je meurs. Mais si je
ne donne pas mes plaquettes et que tout le monde joue comme moi la
prudence du confinement, le risque est encore plus élevé que des
personnes meurent dans les hôpitaux faute de sang, de plasma ou de
plaquettes. Pour moi, la solidarité est essentielle en ces temps
difficiles.
J'ajoute
que les infirmières portaient des masques et des gants et que
l'accueil était protégé par une vitre en plexiglas. Il y avait une
conscience des risques et une volonté de ne pas propager la maladie.
Aller donner son sang, son plasma ou ses plaquettes est donc un
risque mesuré que je vous encourage à faire si vos conditions de
santé le permettent et que vous répondez aux conditions de sûreté
pour le don (il faut remplir un questionnaire préalablement au don).
Restez donc chez vous, sauf pour aller donner votre sang !
Frédéric Leblanc,
le 3 avril 2020.
NB :
en France, les donneurs ont le droit de se déplacer pour aller faire
un don de sang, à condition d'imprimer - ou de reproduire à la main
- l'attestation dérogatoire pour justifier un déplacement pendant
le confinement et de cocher comme motif du déplacement "assistance
aux personnes vulnérables".
En France, vous pouvez contacter les Etablissement Français du Sang.
En Belgique, vous pouvez contacter la Croix Rouge.
Voir également :
- Bouddhisme et don d'organe
- La joie et le don
- Considérer autrui comme soi-même
- Empathie et altruisme
- Un coq pour Asclépios
Sur la crise du coronavirus, voir :
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