Présentation du maître Chan
Ce
que le maître enseigne est déjà en vous-même,
Pensée
inépuisable que vous scrutez sans voir.
Si,
le cœur concentré, vous voulez la saisir,
Feuille
effrayée d'automne, elle tombe dans le vide.
Xutang
Zhiyu (1185-1269)
D'ordinaire,
un maître ou un professeur enseigne quelque chose. Le prof de math,
par exemple, enseigne des choses qu'il est peu probable que nous
ayons trouvé par nous-mêmes comme le théorème de Pythagore, la
trigonométrie ou le calcul des probabilités. Le prof d'anglais vous
apprend une langue que vous n'auriez pas inventée par vous-mêmes. Un maître
Chan est, lui, confronté à un délicat problème : il peut
enseigner tous les points de la doctrine bouddhique comme le ferait
n'importe quel maître bouddhiste, mais cet enseignement intellectuel
des propos du Bouddha et des écrits des philosophes du passé n'est
pas la véritable essence du Chan. Le Chan est ce courant du
bouddhisme chinois que l'on connaît mieux en Occident sous son nom
japonais de Zen. Cette véritable essence ne s'enseigne pas avec des
mots. Et elle est au-dedans de nous, elle ne nous est pas extérieure.
Elle agit en nous comme un insondable désir d’Éveil.
Mais
on ne peut la voir, tout comme l’œil n'est pas capable de voir
l’œil. Vous pouvez bien sûr pratiquer encore et encore la
méditation pour développer la concentration et la vision
pénétrante. Excellente idée. Cela vous permettra de voir beaucoup
de choses en vous-mêmes : des pensées subtiles, des émotions
cachées, des peurs ainsi que des ressources insoupçonnées, mais
cela ne vous permettra pas de saisir cette véritable essence,
l'enseignement fondamental du Chan. Plus vous voudrez la saisir, plus
elle s'échappera et s'évanouira dans le vide. C'est pourquoi la
poésie Chan essaye d'évoquer ce qui ne peut être dit, ce qui en
peut être pensé, ce qui ne peut être saisi, ce qui ne peut être
vu. Quelques paroles bien sages ou bien sottes avant de revenir au
silence.
Paul Oscar Droege (1898 - 1983) |
Voir les poèmes de Ryokan :
Concernant Dôgen Zenji, voir :
- Commentaires au Genjōkōan :
Voir aussi :
- Visite à un moine sans le rencontrer (poème de Li Bo)
- Les sons de la vallée, la forme des montagnes (poème de Su Donpo)
- Clair de lune à travers les hautes branches (poème de Fernando Pessoa)
- Sandokai (L'harmonie entre différence et égalité)
- L'autre et le même (Commentaire du Sandokai)
Sho Shibata - Neige de printemps |
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