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mardi 22 mars 2016

Ce matin à Bruxelles



    Bruxelles a été frappée à plusieurs reprises par les déflagrations de la barbarie terroriste ce matin. Il est encore trop tôt pour tirer quelques conclusions, mais il semble probable que ce soit là une réponse à l'arrestation de Salah Abdeslam vendredi. La Belgique doit payer son tribut à la violence meurtrière aveugle, comme à Paris, à Istanbul, à Ankara, à Grand-Bassam en Côte-d'Ivoire, à Ouagadougou, à Tunis et dans d'autres endroits où la folie des hommes l'emporte sur la raison.

     Tout cela est terriblement triste. Il est temps, plus que temps de couper le mal à la racine. Or on sait que le centre névralgique de ce mal se trouve actuellement en Syrie et dans le nord de l'Irak. J'imagine que la réaction sera d'ordonner encore plus de bombardements dans ces régions complètement sinistrées par cinq ans de guerre civile. Mais il est temps aujourd'hui de de se poser la question d'une réaction efficace qui réglera durablement le problème, et pas d'ajouter du chaos au chaos déjà existant.


   Quand les Américains sont entrés en Irak en 2003, ils ont vaincu facilement contre les forces de Saddam Hussein. Ils ont gagné la guerre, mais ils n'ont pas gagné la paix. Il est plus difficile de gagner la paix que de gagner la guerre. On aurait pu croire que la leçon avait été compris par le monde politique, le monde de la diplomatie et des relations internationales, mais il n'en a rien été. Les Français ont été très enthousiastes en 2011 à l'idée de faire chuter Kadhafi (après lui avoir déroulé le tapis rouge quelques temps auparavant). La France en tête d'une petite coalition internationale ont bombardé sans répit les positions du dictateur sur le sol libyen avec leurs avions de chasse ; et le régime de Kadhafi est tombé rapidement. Au fond, ce n'est pas une mauvaise chose, mais il ne suffisait pas de gagner la guerre, il fallait aussi gagner la paix. Et là, tant Nicolas Sarkozy que François Hollande ont déserté le terrain de la transition démocratique et paisible en Lybie. Le résultat est que la Lybie est devenu le paradis des jihadistes candidats au martyr, un enfer donc pour tous les gens biens qui doivent subir cette barbarie.

   En Syrie, la situation n'est franchement pas plus réjouissante. Les Turcs ont pour seule obsession de détruire le peuple kurde, les seuls jusqu'ici à combattre efficacement Daesh. Les Russes ne veulent rien d'autre que détruire l'Armée Syrienne Libre, les ennemis de Bachar El-Assad, et provoquent systématiquement les Turcs. Les Européens s'engluent dans une marchandage obscène avec le gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan où les migrants sont traités comme du bétail. Le Qatar et l'Arabie Saoudite ne pensent qu'à financer des factions terroristes qui sèment la terreur et le chaos en Syrie. Et tous les pays environnants comme les grandes puissances mondiales ne pensent qu'aux pipe-lines et aux gazoducs qu'on pourrait faire passer par la Syrie. Autant dire qu'on n'a pas gagné la paix. On n'a pas gagné la paix ; mais en plus, le chaos syrien pourrait très bien s'étendre en Turquie, en Europe, dans le monde arabe, en Russie, et précipiter toutes ces nations dans une nouvelle guerre mondiale.


    Il y a donc une urgence à penser la paix, et ne pas seulement bomber le torse et se demander comment on va écraser nos ennemis. On vit dans une idéologie qui sanctifie constamment le gagnant, le « winner » et condamne sans appel le perdant, le « loser ». On vénère la performance, la rivalité, la concurrence féroce, l'agressivité, l'esprit de conquête ; et puis on s'étonne que l'on vit dans un monde violent. On tremble comme une feuille chaque fois que l'on assiste impuissant à la déflagration de la violence, comme aujourd'hui à Bruxelles. Mais je pense qu'il est temps de changer ses modes de pensées, se demander comment on peut contribuer à un monde plus paisible. Et cela commence déjà en soi. C'est le dalaï-lama qui disait : « Plus de paix dans votre esprit contribue à plus de paix dans le monde »...













Voir toutes les citations du "Reflet de la Lune" ici.






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