Bruxelles
a été frappée à plusieurs reprises par les déflagrations de la
barbarie terroriste ce matin. Il est encore trop tôt pour tirer
quelques conclusions, mais il semble probable que ce soit là une
réponse à l'arrestation de Salah Abdeslam vendredi. La Belgique
doit payer son tribut à la violence meurtrière aveugle, comme à
Paris, à Istanbul, à Ankara, à Grand-Bassam en Côte-d'Ivoire, à
Ouagadougou, à Tunis et dans d'autres endroits où la folie des
hommes l'emporte sur la raison.
Tout
cela est terriblement triste. Il est temps, plus que temps de couper
le mal à la racine. Or on sait que le centre névralgique de ce mal
se trouve actuellement en Syrie et dans le nord de l'Irak. J'imagine
que la réaction sera d'ordonner encore plus de bombardements dans
ces régions complètement sinistrées par cinq ans de guerre civile.
Mais il est temps aujourd'hui de de se poser la question d'une
réaction efficace qui réglera durablement le problème, et pas
d'ajouter du chaos au chaos déjà existant.
Quand
les Américains sont entrés en Irak en 2003, ils ont vaincu
facilement contre les forces de Saddam Hussein. Ils ont
gagné la guerre, mais ils n'ont pas gagné la paix. Il est plus
difficile de gagner la paix que de gagner la guerre. On aurait pu
croire que la leçon avait été compris par le monde politique, le
monde de la diplomatie et des relations internationales, mais il n'en
a rien été. Les Français ont été très enthousiastes en 2011 à
l'idée de faire chuter Kadhafi (après lui avoir déroulé le tapis
rouge quelques temps auparavant). La France en tête d'une petite
coalition internationale ont bombardé sans répit les positions du
dictateur sur le sol libyen avec leurs avions de chasse ; et le
régime de Kadhafi est tombé rapidement. Au fond, ce n'est pas une
mauvaise chose, mais il ne suffisait pas de gagner la guerre, il
fallait aussi gagner la paix. Et là, tant Nicolas Sarkozy que
François Hollande ont déserté le terrain de la transition
démocratique et paisible en Lybie. Le résultat est que la Lybie est
devenu le paradis des jihadistes candidats au martyr, un enfer donc
pour tous les gens biens qui doivent subir cette barbarie.
En
Syrie, la situation n'est franchement pas plus réjouissante. Les
Turcs ont pour seule obsession de détruire le peuple kurde, les
seuls jusqu'ici à combattre efficacement Daesh. Les Russes ne
veulent rien d'autre que détruire l'Armée Syrienne Libre, les
ennemis de Bachar El-Assad, et provoquent systématiquement les
Turcs. Les Européens s'engluent dans une marchandage obscène avec
le gouvernement de Recep
Tayyip Erdoğan où les migrants sont traités comme du bétail. Le
Qatar et l'Arabie Saoudite ne pensent qu'à financer des factions
terroristes qui sèment la terreur et le chaos en Syrie. Et tous les
pays environnants comme les grandes puissances mondiales ne pensent
qu'aux pipe-lines et aux gazoducs qu'on pourrait faire passer par la
Syrie. Autant dire qu'on n'a pas gagné la paix. On n'a pas gagné la
paix ; mais en plus, le chaos syrien pourrait très bien
s'étendre en Turquie, en Europe, dans le monde arabe, en Russie, et
précipiter toutes ces nations dans une nouvelle guerre mondiale.
Il
y a donc une urgence à penser la paix, et ne pas seulement bomber le
torse et se demander comment on va écraser nos ennemis. On vit dans
une idéologie qui sanctifie constamment le gagnant, le « winner »
et condamne sans appel le perdant, le « loser ». On
vénère la performance, la rivalité, la concurrence féroce,
l'agressivité, l'esprit de conquête ; et puis on s'étonne que
l'on vit dans un monde violent. On tremble comme une feuille chaque
fois que l'on assiste impuissant à la déflagration de la violence,
comme aujourd'hui à Bruxelles. Mais je pense qu'il est temps de
changer ses modes de pensées, se demander comment on peut contribuer
à un monde plus paisible. Et cela commence déjà en soi. C'est le
dalaï-lama qui disait : « Plus
de paix dans votre esprit contribue à plus de paix dans le
monde »...
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