On
m'a récemment posé la question : je ne peux pas pratiquer la
méditation de l'attention portée à la respiration, puisque je suis
asthmatique. Que dois-je faire ? Il se trouve que je suis, moi
aussi, asthmatique. En fait, le fait de respirer bien ou mal n'a rien
à voir avec la pratique de l'attention telle qu'est enseignée par
le Bouddha. Il s'agit de prêter attention à la respiration, pas de
la réguler à tout prix. Même pendant une crise d'asthme, on
continue à inspirer et expirer. Vous le faites difficilement du fait
de la crise, mais vous le faites, sinon vous seriez mort. Il faut
seulement prendre conscience de cette conscience de cette respiration
et laisser l'esprit se calmer et se libérer de lui-même.
Dans le yoga, on vous explique souvent qu'il faut une respiration parfaite. Toutes les personnes qui ont de l'asthme pourront témoigner que c'est toujours plus agréable pour bien vivre. En effet, c'est vraiment pénible d'avoir le souffle coupé. C'est quand on manque d'air qu'on se rend compte à quel point il est précieux de pouvoir respirer à plein poumon. Les gens qui n'ont pas de problème de souffle peuvent s'en rendre compte quand ils ont fait un sprint et qu'ils peinent à reprendre leur respiration. Essayez de parler quand vous venez d'accomplir un sprint ! Ils peuvent aussi s'en rendre compte quand ils font de l'apnée à la piscine ou dans la mer. Cette chose toute simple qu'on tend à oublier devient soudainement si précieuse quand on est sous l'eau sans possibilité de reprendre de l'air dans ses poumons ! Bien respirer est important pour bien vivre, tous n'ont malheureusement pas cette chance. Mais une respiration parfaite n'est pas nécessaire pour bien pratiquer la méditation de l'attention au va-et-vient du souffle. L'essentiel est de prêter une attention fine à cette respiration sans la juger. Si on respire de manière rauque, on est conscient de notre respiration rauque. Si a le souffle coupé, on est conscient de ce souffle coupé. Si on a le souffle court, on est conscient de ce souffle court. On peut même voir le côté positif des choses : les problèmes respiratoires permettent d'être plus facilement conscient de son souffle ! Maigre consolation, me direz-vous, mais il est important de se dire que les problèmes respiratoires ne sont jamais un obstacle à la méditation.
Ce
serait plus agréable de respirer de manière fluide, sans être
entrecoupé sans cesse. Mais la méditation est là pour nous aider à
nous accommoder des défaillances du corps et aussi pour apaiser
notre esprit. Ce qui peut être d'une certaine aide lorsqu'on connaît
une crise respiratoire. Lors de ma crise la plus grave d'asthme, la
méditation m'a justement servi à apaiser mon mental et à ne pas
paniquer. En fait, il peut y avoir un cercle vicieux: vous respirez
mal au point de manquer d'air. Vous commencez donc à paniquer, ce
qui fait que votre cotre cœur se met à battre plus vite. Comme le
cœur bat plus vite, il faut plus d'oxygène pour l'alimenter. Mais
justement vous ne savez plus respirer correctement. Ce qui vous
panique encore plus, donc le cœur bat encore plus la chamade.... La
méditation m'a servi à couper ce cercle vicieux et attendre que la
crise passe (après cinq heures tout de même....).
En
conclusion, je dirai que la méditation
bouddhique n'a pas pour but de fournir au corps une respiration
parfaite, mais que la méditation utilise l'attention à ce phénomène
organique qui semble banal, puisqu'on respire à chaque seconde notre
vie, mais qui est si précieux et tout simplement vital. Et la
méditation cultive cette attention au souffle afin de développer
une pleine conscience de tous les aspects de notre existence :
attention au corps, attention aux sensations, attention à l'esprit
et attention aux objets de l'esprit. En ce sens, les problèmes
respiratoires font partie de l'existence comme le fait d'avoir mal au
dos ou aux genoux. Cela provoque des sensations désagréables, mais
c'est n'est en aucun cas un empêchement pour la pratique de
l'attention dans la méditation.
Voir aussi :
- En compagnie du souffle (Commentaire au Soûtra de l'Attention au Va-et-vient de la Respiration)
Soûtra du de l'Attention au Va-et-vient de la Respiration (Ānāpānasati Sutta)
Il n'y a pas de mauvaise méditation. Voilà un principe fondamental de la méditation : on ne devrait pas juger notre pratique de la méditation assise shamatha/vipashyanâ au point de dire que celle-ci a été inutile ou nulle en terme de progression spirituelle. On ne peut jamais savoir ce qu'il en est réellement.
- Méditer à la piscine
Beaucoup de gens aiment faire quelques longueurs à la piscine pour se relaxer. C'est effectivement quelque chose de délassant de se baigner dans l'eau et d'activer l’entièreté de son corps. Mais je trouve que la piscine est aussi excellent endroit pour pratiquer la méditation et l'attention.
- Méditer à la piscine
Beaucoup de gens aiment faire quelques longueurs à la piscine pour se relaxer. C'est effectivement quelque chose de délassant de se baigner dans l'eau et d'activer l’entièreté de son corps. Mais je trouve que la piscine est aussi excellent endroit pour pratiquer la méditation et l'attention.
Morgan Maassen |
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